Une splendeur

Habibi est un enchantement. Le foisonnement des arabesques, l'entrelacement des symboliques et l'expressivité du noir et blanc nous enivre. La narration nous entraîne tantôt dans un univers onirique proche des Mille et Une Nuits, tantôt dans un drame sociétal bien contemporain liant les deux personnages, tantôt dans un conte spirituel. Les trois versants (et bien d'autres !) du récit s'entremêlent comme les motifs géométriques qui en ornent les planches ; et pourtant on ne se perd jamais dans les ruptures chronologiques. Au contraire, le tout finit par prendre forme et l'histoire se replie sur elle-même à la manière des mantras qui se répètent au long des pages. La qualité esthétique nous enchante autant que la force du récit qui nous laisse bouleversés, la gorge nouée, avec un peu de mélancolie qui traîne…
Une grosse claque. Une oeuvre à laquelle, à l'image des textes fondateurs dont elle s'inspire, on trouvera toujours de nouvelles interprétations à chaque lecture.