Nixon est percepteur. Ou peut-être qu’il est enquêteur d’assurance et qu’il s’appelle Seltz. Qu’importe, il est décidé à poursuivre les contrevenants et à les arrêter. Définitivement, à l’aide du gros revolver qui ne le quitte jamais. Nixon est tenace, mais surtout endurant. Les accidents de voiture, les chutes, les balles et les explosions ne parviennent pas à l’arrêter. Faut dire qu’il a fait la guerre et qu’ils l’ont un peu rafistolé à l’Armée. Pourtant, les incohérences de sa vie ainsi que les étranges informations que possèdent ses cibles commencent à le perturber. Et ça, ça ne plaît pas à ses employeurs.
Franck Miller est un dessinateur de comics qui s’est très vite penché sur les scénarios. Avant de créer la la légendaire série Sin City, il a écrit Hard boiled. Pour les graphismes, il a fait appel au talentueux Geof Darrow. Hard boiled est une vieille bande dessinée (de 1990 à 1995) et c’est un monument du cyberpunk. À cette époque, ce mouvement artistique était encore jeune avec notamment la publication du jeu de rôle éponyme. Du coup, on entre de plein fouet dans les canons du genre. Les apparences sont toutes trompeuses, la mécanique se tapit partout et la perversion est omniprésente. Mais surtout, c’est très bourrin.
L’histoire n’est pas extraordinairement originale vue du XXIème siècle, mais elle comprend de jolis rebondissements ainsi qu’une belle chute. Par ailleurs, ce qui domine ce scénario, c’est le cynisme parfois comique ainsi que l’ultra-violence. Car ici, les corps de chair sont impitoyablement broyés, tout comme ceux de métal, d’ailleurs. Simplement, les êtres synthétiques, plus robustes, meurent moins vite. Le souci du détail de Geof Darrow rend parfois les images difficilement à lire, mais elles recèlent des trésors d’humour voire même d’érotisme.
Hard boiled est une fable de science-fiction sur ce qui nous attend si on n’est pas sage. 30 ans plus tard, elle n’a pas pris une ride et reste une référence du cyberpunk. À connaître pour tout fan du genre et pour les amateurs d’art graphique.