Harleen
7.6
Harleen

Comics de Stjepan Šejić (2019)

Quand l'amour rend marteau (et pas que dans le bon sens)

Harleen de Stjepan Šejić, c’est un peu comme un cocktail Molotov servi dans une coupe en cristal. C’est beau, explosif, et un brin dangereux pour la santé mentale, mais vous n’arriverez pas à détourner les yeux.


Ici, on plonge dans la genèse d’une des méchantes les plus fascinantes de l’univers DC, Harley Quinn, mais avec une subtilité qu’on ne lui connaissait pas toujours. Exit les acrobaties clownesques et les punchlines délirantes : on remonte à la source, quand Harleen Quinzel était encore une psy brillante et (relativement) équilibrée, avant que son cœur et sa tête ne fondent pour le Joker, littéralement et métaphoriquement.


Visuellement, Harleen est un chef-d’œuvre. Stjepan Šejić n’est pas là pour rigoler (ironie, vu le sujet). Chaque planche est un tableau à part entière, où les regards transpercent, où les émotions débordent de la page. C’est sensuel sans jamais tomber dans le vulgaire, intense sans sombrer dans la caricature. Gotham n’a jamais été aussi magnifiquement sombre.


Mais le vrai tour de force, c’est l’écriture. Šejić ne se contente pas de raconter une descente aux enfers, il vous la fait ressentir. On suit Harleen pas à pas, dans ses doutes, ses désirs, ses erreurs fatales. La narration en voix-off, introspective, ajoute une profondeur tragique à ce récit. Chaque page est une nouvelle fissure dans la façade de cette femme brillante, jusqu’à ce que tout s’effondre. Et, spoiler : c’est à la fois déchirant et fascinant à regarder.


Quant au Joker, disons qu’il est à la hauteur de sa réputation : charmeur, manipulateur, et complètement terrifiant. Mais ici, ce n’est pas son histoire, c’est celle d’Harleen. Et c’est là que réside toute la force du récit : donner à Harley Quinn toute la complexité qu’elle mérite, loin des clichés de la blonde armée d’un maillet. C’est une tragédie, mais aussi une réflexion poignante sur l’amour toxique, la dépendance et le libre arbitre.


Bien sûr, Harleen n’est pas exempt de défauts. Certains passages traînent un peu en longueur, et le récit peut parfois sembler s’étirer plus que nécessaire. Mais au final, cela reflète aussi l’évolution lente et inexorable de Harleen vers sa transformation. Une descente aux enfers ne se fait pas en un claquement de doigts, après tout.


En résumé, Harleen est une perle sombre et envoûtante, une exploration psychologique qui réussit à rendre la chute de Harley Quinn aussi captivante que déchirante. C’est beau, c’est tragique, et ça reste dans un coin de votre tête bien après avoir refermé le livre. Gotham n’a jamais été aussi humain.

CinephageAiguise
8

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Créée

le 23 janv. 2025

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