Interpellé par cette superbe couverture aux couleurs criardes dans les bacs de mon bouquiniste, je ramenais cet ovni chez moi.
En regardant les graphismes de plus près, qui au début me rappelaient Caza, dessinateur que j’adore, je me suis rapidement rendu compte que tout le style de Voss est basé sur l’encrage. En effet, si l’on survole vite fait, le dessin a beaucoup de gueule mais de trop nombreuses erreurs de proportions sont bel et bien là.
L’histoire ?? Heuuu… J’ai la sensation que l’auteur était sous l’influence de nombreuses drogues et qu’il s’est laissé guider dans ses délires, persuadé qu’ils pourraient nous embarquer dans son bordélique space-opéra psychédélique fourre-tout flirtant souvent avec l’absurde où l’on peut retrouver pêle-mêle mysticisme, démons, croix gammées, hard-rock, voyages spatio-temporels, combats d’auto-tamponneuses (sic), duels mortels de guitares électriques, peuplades primitives moyennement mayas, sectes de babas cools, groupies zombifiées et technologie informatique sexuée (je n’invente rien).
Et malgré tout ce fatras…je me suis bien ennuyé. Plus qu’indifférent aux péripéties du « héros » rocker androgyne que j’ai trouvé d’un vide abyssal et d’un manque de charisme absolu. L’absence de dialogues ne l’aideront définitivement pas à lui forger cette identité qui lui fait défaut. Les seuls textes sont une voix off au vocabulaire pompeux et rébarbatif, utilisant trop de termes maladroits « m’as-tu vu ». Heilman, guitariste rock vénéré tel un dieu par une foule considérée par Voss comme « un troupeau abruti » ; et quant à l’étrange passion qu’il voue aux croix gammées, elle ne sera jamais expliquée dans l’album, ce qui me laisse présumer que ce n’est qu’une simple et stupide provocation digne d’un adolescent…
Sorte de trip sous LSD sans couleurs indigeste et ennuyeux , » Heilman » ne marquera pas l’histoire. Je n’oublie pas que cette BD est sortie en 78 –dur d’oublier tous les clichés sont là, manque plus que le tournoi de flipper- mais du haut de mes 1 ans, je n’avais pas le bagage critique pour comprendre cette période fructueuse en divagations pseudo-spirituelles.
Pas envie d’être tendre avec l’esprit mou d’une période où des toxicomanes narcissiques moralistes croyaient posséder la sagesse et la seule compréhension valable du monde complexe qui les entourait.