J’ai longtemps attendu une réédition de cette série. Je n’allais pas claquer ma maigre paie dans la première édition revendue à prix d’or sur les sites de revente. Avant de lire ce premier tome tant attendu, j’avais un souvenir lointain de l’adaptation en OAV. J’en gardais une impression de série cool, bourrine et un peu conne à la Highschool of the Dead (dont je garde un souvenir… ému) ou encore Black Lagoon (que j’ADORE).
Bilan après lecture : mitigé.
L’histoire en elle-même n’est pas un problème sur le principe. Une société secrète qui protège un pays, ici l’Angleterre, des forces démoniaques (spécifiquement les vampires), c’est assez commun dans la fiction. Le fait d’utiliser un ancien membre de l’ennemi qui travaille énigmatiquement pour les gentils n’est pas non plus une nouveauté. Comme je le disais, le principe n’est pas un souci, la fiction regorge d’idées débiles devenant d’excellents moments traités avec brio et justesse.
Les problèmes surviennent avec l’exécution. À part un trop court chapitre explicatif arrivant sur le tard, on entre tout de suite dans le domaine de la violence pure sans aucun effort de caractérisation des personnages ou du concept. Et cette impression va rester un long moment durant la lecture. Compilant les deux premiers tomes de l’édition originale, il faut attendre la deuxième partie de l’ouvrage (donc le 2ᵉ tome) avant d’avoir un véritable décollage dans la narration. Cependant, appuyer sur l’accélérateur ne fait pas tout, encore faut-il bien le faire. À ce titre, j’ai rarement lu des dialogues aussi mal foutus. Je n’arrive pas à savoir si c’est moi qui exagère, si la traduction est faite à base d’intelligence artificielle ou si c’est directement la faute de l’auteur, voire les trois en même temps.
Rendons néanmoins hommage à l’édition française pour nous proposer un joli objet évoquant, de par sa taille, son esthétique et sa couleur, une bible satanique. C’est un bel effort, surtout pour un prix raisonnable. L’effort de contextualisation et d’explication des blagues ou références de l’auteur est louable, mais l’humour éditorial n’était clairement pas nécessaire.
Jusque-là, le bilan n’est pas fou, alors où sont les points positifs ?
Eh bien, ils se trouvent quasi tous au niveau des dessins, l’auteur s’éclate et ça se voit. On perçoit pourtant des maladresses à tous les niveaux : visages très différents d’une vignette à une autre, chara-design d’un personnage qui change drastiquement en fonction des chapitres, proportions pas très bien tenues… Les défauts sont là, mais ils sont compensés par une belle audace de la part de l’auteur, que ce soit dans les designs des personnages ou encore la mise en scène de certains moments qui sont purement jouissifs.
Pour finir, c’est surtout cette audace qui excuse en partie les gros défauts de ce début d’œuvre. L’auteur s’amuse beaucoup à mettre en scène les protestants et les catholiques dans leurs guerres saintes et absolues contre le mal. Alucard, Père Anderson, la femme flic et son gros flingue inspirent l’auteur, qui s’en donne à cœur joie. Est-ce que c’est suffisant pour en faire un bon manga ? Pas pour le moment, il y a trop de maladresses, mais la proposition a le mérite d’exister.
Après ce premier tome, est-ce que je vais poursuivre l’essai ? Je pense me replonger dans l’OAV, qui a le mérite de proposer le chara-design dans sa forme la plus aboutie, en espérant un mieux niveau scénario. Au niveau du manga, l’aventure se fera sans moi, j’en ai bien peur : il y a trop de défauts en l’état.