La Gloire d'Hera
O joie, ô suprême délectation, la mythologie grecque revient en odeur de sainteté avec son plus célèbre représentant Héraklès. Ce come back est dû au talent d’un jeune dessinateur/auteur Edouard...
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le 7 sept. 2012
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Avec Héraklès, tome 1, Édouard Cour prend le mythe grec par les cornes (ou les têtes d’hydre, selon la situation) pour livrer une relecture visuellement audacieuse et narrativement frappante. Ce n’est pas juste un péplum classique : c’est une plongée dans l’âme tourmentée du plus célèbre des héros, où les exploits légendaires cachent une mélancolie et une brutalité saisissantes.
Le récit retrace les travaux d’Héraklès avec une intensité qui te fait sentir chaque coup porté, chaque poids soulevé. Mais Édouard Cour ne se contente pas de raconter l’histoire comme une liste de tâches mythologiques : il explore la psychologie du personnage, ses doutes, sa rage, et son humanité fragile derrière la montagne de muscles. Héraklès n’est pas qu’un héros invincible : c’est un homme qui saigne, qui souffre, et qui se perd parfois dans ses propres exploits.
Visuellement, le style de Cour est un régal. Les illustrations, épurées mais pleines de puissance, capturent l’énergie brute des affrontements et la grandeur tragique des paysages mythiques. Le choix d’une palette restreinte – souvent dominée par des teintes sombres et des éclats de rouge – ajoute une tension dramatique qui rend chaque page mémorable. Les créatures affrontées par Héraklès, de l’hydre au lion de Némée, sont magnifiquement réimaginées, oscillant entre cauchemar et majesté.
Le ton de l’œuvre oscille entre l’épique et l’introspectif, avec une narration qui pose autant de questions qu’elle n’apporte de réponses. Cour ne cherche pas à glorifier son héros, mais à le déconstruire : que reste-t-il d’Héraklès une fois les statues érigées et les chansons chantées ? Cette approche donne une profondeur bienvenue au récit, tout en rendant les moments d’action encore plus percutants.
Le seul petit reproche qu’on pourrait adresser à Héraklès, c’est qu’il peut sembler un peu austère par moments. L’absence d’humour ou de légèreté pourrait dérouter ceux qui s’attendent à une version plus "pop" du mythe. Mais pour les amateurs de récits épiques où l’introspection côtoie la violence sacrée, c’est un pur régal.
En résumé : Héraklès, tome 1 est une relecture ambitieuse et visuellement somptueuse du mythe grec, où chaque coup d’épée et chaque question existentielle résonnent avec force. Une œuvre qui rappelle que derrière les statues de marbre, les héros ont aussi des failles… et du sang sur les mains. À lire pour redécouvrir l’épopée avec des yeux neufs, et un soupçon de gravité.
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Créée
le 22 nov. 2024
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le 7 sept. 2012
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