Hunter x Hunter, ou HxH pour les intimes, appartient à ces grandes sagas du shônen en cours de publication depuis plus de 10 ans.
Il y aurait beaucoup à dire à son sujet. En bien comme en mal. Il possède cette particularité, finalement assez courante, d’être découpé en arcs aisément identifiables. Chaque arc montre des défauts et des qualités qui lui sont propres, auxquels s’ajoutent des considérations plus globales.
Cela concerne surtout l’auteur, Yoshihiro Togashi ; de nombreuses rumeurs courent à son sujet quant aux raisons derrière les divers « problèmes » de HxH, mais les faits les voici : ce manga souffre désormais d’un rythme de publication très faible, et d’un dessin parfois à la limite du griffonnage, indigne d’un mangaka professionnel. Pourtant, Yoshihiro Togashi est aussi un homme bourré de talent, capable du meilleur comme lorsqu’il imagine des personnages charismatiques aux capacités toujours plus folles, ou qu’il s’amuse à surprendre son lectorat.

HxH commence de manière à la fois classique et trépidante, avec le fameux Examen des Hunters ; c’est aussi mon arc préféré. Dès le départ, il nous offre un monde rempli de monstres improbables, des personnages immédiatement attachants – dont le redoutable Hisoka le Magicien – et des « jeux » aux règles strictes à respecter mais aussi avec lesquelles jouer. Nous plongeons d’entrée dans une grande aventure absolument palpitante, mais qui sait aussi faire preuve d’intelligence. Du tout bon sur toute la ligne.
Ensuite, l’auteur essaye de nous introduire un concept similaire à celui du Chakra dans Naruto ou du Cosmos dans Saint Seiya : le Nen. C’est probablement l’arc le plus faible, puisqu’il se fend de nombreuses explications et se limite à des applications basiques de cette faculté ; ce n’est que plus tard, tandis qu’il glissera vers des utilisations plus proches des Stand de Jojo’s Bizarre Adventure, que le Nen trouvera ses meilleurs dérivés. Heureusement cette partie a aussi le mérite d’être la plus courte.

La partie à York Shin City se focalise sur le personnage de Kurapika, mais aussi et surtout sur un terrible gang d’utilisateurs du Nen : la Brigade Fantôme. Ces personnages sont à ce point impressionnants, à ce point puissants, et à ce point effroyables que cet arc se transforme en réussite essentiellement grâce à eux. L’environnement urbain et la présence de la mafia aident aussi à créer une ambiance très différente de ce que nous avons eu auparavant, plus sombre, du meilleur effet.
Ensuite, l’arc de Greed Island ressemble fortement au second tome de son manga Level E, lequel contenait déjà de nombreux principes qu’il reprendra pour HxH. Ce passage est beaucoup plus proche du shônen traditionnel, avec son système d’entrainement et de quête, mais nous sentons que nous sommes encore dans HxH en raison de ses nombreuses morts violentes et d’un certain degré de cruauté.

Puis vient l’arc des Kimera Ants, celui en cours de publication en France. Non seulement c’est à partir de là que l’auteur commence à dessiner n’importe comment – même si nous sentons des prémices à la fin de Greed Island – mais il y fait surtout preuve d’une cruauté et d’un sadisme rare, allant même parfois jusqu’à compenser par une auto-censure absolument hideuse. C’est la partie la plus déstabilisante à ce jour, et elle aura laissé de nombreux lecteurs sur le carreau. J’aurais même tendance à conseiller d’arrêter la lecture à la fin de Greed Island, afin de garder une image positive de ce manga. Nous y trouvons les écueils déjà présents à la fin de Yuyu Hakusho : morale discutable, auteur en roue-libre qui semble vouloir bâcler son travail, et le pire c’est qu’il va tout-de-même multiplier les pistes, allongeant de lui-même son manga.
Ce n’est pas joli joli, mais j’ai tout-de-même envie de connaitre la suite de cette histoire.

Malgré ses défauts, HxH reste un manga que je recommande chaudement, à condition de savoir quand s’arrêter. Ses 18 premiers tomes offrent tellement de bons moments, de protagonistes d’anthologie, de combats vibrants, et d’idées géniales qu’il serait vraiment dommage de passer à côté de ce shônen incroyablement inventif. Seulement, il faut aussi accepter ses aspérités, et les quelques déceptions qu’il pourra générer.
Est-ce que cela vaut le coup de surmonter ses appréhensions pour découvrir ce manga ? Oui, sans aucun doute. Ce n’est pas pour rien qu’il s’agit du titre que je relis le plus souvent, toujours avec autant de plaisir.
Ninesisters

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