Toyo est un personnage énorme !

En plongeant, et découvrant, l’univers Valiant grâce à Bliss Comics (et Panini Comics), j’ai rencontré un univers, des séries, des personnages originaux, intéressant et proposant une lecture alternative à ce que Panini/Marvel et Urban Comics/DC Comics peuvent proposer. S’il y a beaucoup de choses très bonnes et plaisantes à lire, un personnage s’est vite démarqué, à mes yeux, avec Toyo Harada ! Une sorte de Tony Stark encore plus égocentrique, sans barrière et avec des pouvoirs démesurés ! Un mélange détonnant !


Toyo Harada est l’homme le plus dangereux au monde. Psiotique doué de pouvoirs incommensurables, survivant d’Hiroshima et milliardaire philanthrope, il a passé sa vie à manipuler l’humanité dans l’ombre. Son but : réaliser sa vision du monde, à tout prix. Mais aujourd’hui, il est dos au mur. Ses pouvoirs ont été révélés au grand jour, son empire s’est effondré et il est pourchassé par les grandes puissances de la planète. Au lieu de se rendre, il va rassembler auprès de lui des êtres venus des plus sinistres recoins de l’univers et mettre en œuvre son plan. La guerre pour son utopie est déclarée !

Après Harbinger, Joshua Dysart se penche sur un des personnages les plus fascinants de l’univers Valiant. Épaulé par Doug Braithwaite (Book of Death), Scot Eaton (X-Men), CAFU (Rai) et Khari Evans (Harbinger), il livre un récit de science-fiction virtuose, où se mêlent géopolitique et dilemmes moraux.

(Contient les épisodes Imperium #1-16)


En découvrant Peter Stanchek, un psiotique peut-être aussi puissant que lui, et le faisant intégrer la Fondation Harbinger, Toyo Harada ne se doutait pas que sa vie, que tout ce qu’il avait bâti allait se retrouver sur la sellette en un rien de temps ! Le jeune homme parvenant à le pousser dans ses derniers retranchements. Et alors qu’il œuvrait dans l’ombre depuis des décennies, voilà qu’il se retrouve en pleine lumière, tout comme ses secrets les plus inavouables.


Le but ultime de Toyo Harada et de mettre un terme aux guerres, aux différences de richesse, mais surtout à la faim et à la pauvreté. Pour y parvenir, il est prêt à utiliser tous les moyens ! Même les plus violents, les plus inavouables ! Et que l’on sache qu’il est celui qui a atteint cette utopie. Mais la rébellion de Peter a tout précipité, à révéler aux yeux du monde ses manigances, son vrai visage et ses pouvoirs !


C’est ainsi que l’on se retrouve avec un Toyo Harada qui n’a plus rien à perdre, plus rien à cacher et n’est donc plus obligé de respecter les règles ! Ne se souciant absolument pas du reste du monde, et de la possible réaction des Nations-Unies, il conquit un petit territoire en Somalie qu’il renomme Zone de la Fondation. C’est là qu’il décide de bâtir les fondations de son monde utopique !


Mais il va être bien seul dans sa tâche pour améliorer le monde. La plupart de tous les pays du monde entrent en guerre avec Harada et ses hommes. Des hommes, et des fidèles qui se comptent sur les doigts de la main. Et le pire, c’est que les menace peuvent également provenir de l’extérieur de la planète.


Dans ce récit, Imperium, plus que le travail de Toyo Harada pour accomplir son utopie, nous assistons, surtout, au travail des forces adverses pour l’empêcher de parvenir au but. Il faut dire, que personne ne croit en ses bonnes intentions. Le Projet Rising Spirit, les Vignes, les armées du monde, le Hard C.O.R.P.S., Divinity ou encore Unity à travers le personnage de Livewire. Les obstacles, les ennemis, les freins sont terriblement nombreux.


Et l’on réalise, avec toute cette succession d’obstacles, à quel point Toyo Harada est un génie tactique ! On pense, à chaque fois, qu’il est dans de sales drap, et à chaque fois, il parvient à renverser la vapeur, à avancer les pions. À obtenir ce qu’il veut. Mais tout esprit génial qu’il est, le cumul des vagues incessantes d’opposition finissent par éroder la résistance de Toyo Harada.


Et malheureusement, cette succession d’attaques ennemies prennent un peu le pas, selon moi, sur l’œuvre d’Harada. J’ai un peu l’impression que le travail d’Harada est un peu trop souvent mis de côté, qu’il est plus occupé à se défendre qu’à œuvrer. Je n’ai pas l’impression de me retrouver face à un Toyo Harada qui impose le respect, il donne même l’impression de ne pas être aussi puissant qu’il devait être. Cela en est rageant ! Ce qui procure des frissons en lisant un récit, centré sur Harada, c’est de voir à quel point il est puissant. Là il donne l’impression d’être anesthésié, bridé.


Et puis, toutes ces menaces, toutes ces oppositions, cela fait beaucoup. Alors certes cela met en valeur la stratégie et l’esprit hors d’atteinte de Toyo Harada, mais cela freine, un peu l’intrigue. On a l’impression de faire du sur place. Il manque un Peter Stanchek pour taper dans la fourmilière.


Si j’ai l’impression d ‘avoir un Toyo moins puissant que ce à quoi l’on pourrait s’attendre, il nous montre, malgré tout, très clairement, pourquoi il est un personnage extraordinairement hors norme, charismatique, emblématique, absolument unique. Si l’on peut louer son rêve, les méthodes et les raisons ne sont pas les bonnes. Mais il semble s’en foutre complètement.


L’impression de faire du sur place, de se retrouver avec un Toyo qui appuie sur le frein, n’empêche pas d’apprécier cette lecture. Bien au contraire. On se retrouve avec une intrigue où se mêlent politique, fantastique et aventure. On est pris à la gorge dès les premières pages de Joshua Dysart, et l’étreinte ne se relâche qu’à la fin, non sans laisser son lot de questions sur ce qui va se passer après.


C’est le méchant, mais je n’arrive pas à m’enlever de la tête que je suis de son côté. J’ai envie de le voir réussir, j’ai envie de le voir exploser, j’ai envie de le voir se lâcher un peu plus.


Au dessin, quatre dessinateurs se relayent en fonction des intrigues. Quatre bons dessinateurs, des artistes qui ont de la bouteille et qui proposent des planches de qualités. Doug Braithwaite, Cafu, Scot Eaton et Khari Evans. Quatre bons artistes, mais au style tellement différent. L’unité graphique générale est assez surprenante, les différents styles ne vont pas forcément ensembles.


Bref, Imperium est un formidable récit. Des intrigues bien ficelées, bien pensées. La patience et la volonté de Toyo Harada sont mises à rude épreuve. J'’aurais peut-être préféré un peu moins de menaces différentes, et un peu de Peter Stanchek en opposition. Avec ce récit, nous réalisons, à quel point ce personnage est fascinant et puissant.

Romain_Bouvet
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le 16 mai 2018

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Romain Bouvet

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