L'enfer est pavé de bonnes intentions

Le mot utopie désigne dans le langage commun une société ayant atteint la perfection, une société dans laquelle l'ensemble de ses membres ont accès au bonheur grâce à des règles justes pour tous. Cependant, cette définition ne rend pas compte du sens premier du mot utopie. Si l'on ne se concentre que sur l’étymologie, l'utopie est un lieu qui n'est pas. Tout simplement car il serait fou d'imaginer qu'atteindre une société parfaite soit possible. Et c'est là tout le problème : Toyo Harada est fou.


Imperium est la suite directe de l'excellente saga Harbinger écrite par Joshua Dysart. Toyo Harada, un psiotique aux pouvoirs psychiques surpuissants désireux d'amener l'humanité vers une utopie qu'il a lui-même imaginé se retrouve dos au mur. Ses machinations orchestrées dans l'ombre pour atteindre ce but viennent d'être révélées au reste du monde par Peter Stanchek, un psiotique renégat. Considéré comme l'homme le plus dangereux du monde, les plus grandes autorités mondiales réclament sa tête. Harada prend alors une décision qui va marquer notre époque, déclarer la guerre à l'humanité entière pour mieux pouvoir la sauver d'elle-même.


Obnubilé par sa vision d'un monde plus juste, Harada va s'adonner aux actes les plus abjectes pour arriver à ses fins. La mégalomanie du personnage va le pousser à ne jamais ses remettre en question, la fin justifiant les moyens. Sans s'en rendre compte, l'homme va dévier et devenir l'avatar de ce qu'il pense combattre. Cette perversion profonde qui va s'emparer de l'idéologie de Toyo Harada trouve surtout à s'exprimer au travers des relations qu'il va nouer avec ses alliés occasionnels. Le cas le plus intéressant étant celui de l'I.A. Mech Major à qui Harada refuse toute forme de libre-arbitre au prétexte qu'il s'agit d'un robot dont l'existence n'a pour objectif que d'être utile à son créateur.


Avec ce nouveau chapitre de l'histoire des Harbinger, Johsua Dysart livre à nouveau un récit profond et intelligent. L'auteur s'amuse à confronter le lecteur à des choix moraux et politiques cornéliens. Si l'humanité n'est pas prête à remettre en question le système qui la détruit irrémédiablement, doit-on la forcer au changement? Quelles limites morales s'imposer pour rendre le monde meilleur? Respecter ces limites n'est-il pas un constat d'échec? Détruire l'ancien monde est-il vraiment une solution? Beaucoup de questions que ce comics posent, et si elles vous intéressent, alors un conseil : lisez Imperium!

AymericBeatrix
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le 12 oct. 2019

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Captain Frisbee

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