Initial D
7.1
Initial D

Manga de Shuichi Shigeno (1995)

Initial D c’est LE manga qui a sans doute popularisé le drift et les courses de rues, ici mais surtout aux USA. Retour sur ce titre qui a lancé le genre…


Créé par Shūichi Shigeno en 1995 et prépublié dans le Weekly Young Magazine (Kōdansha), le manga compte au total 48 tomes et a pris fin en 2013. Avec près de 50 millions d’exemplaires vendus du manga, un animé en plusieurs saisons, des OVA’s, un film live et une tripotée de jeux vidéo, ont peu clairement dire que le manga est un énorme succès. Son auteur -Shūichi Shigeno- publie des manga depuis les années 80 mais c’est avec Initial D que le mangaka atteint la célébrité et un rayonnement international.


Pourtant le thème s’annonce dès le départ difficile a mettre en œuvre. En effet comment retranscrire sur du papier, la vitesse et la tension des courses de voiture, qui plus est illégale et se déroulant généralement la nuit? Et quand on ouvre le premier tome, le dessin qui a un coté très brouillon, ne vend pas du rêve…


Bref, sur le papier ça s’annonce mal parti, et pourtant la magie opère et ça marche…


Car pour rendre son récit crédible et authentique, Shūichi Shigeno, qui est déjà un amateur de voitures et de course de rue (et qui possède une vraie Trueno AE86) s’est adjoint les conseils de toute une équipe mais surtout de Keiichi Tsuchiya, un des inventeurs du Drift, surnommé le Drift King et un des premiers a l’utilisé lors de courses officielles. Ce qui rend le récit réaliste et immersif car extrêmement bien documenté et expliqué. On y apprend tout, que ce soit la technique des véhicules comme P.EX la différence entre une voiture équipée d’un turbo ou celle a aspiration naturelle, les techniques de pilotage comme le talon-pointe ou le principe du transfert de masse, tout est efficacement et ludiquement expliqué sans pour autant ralentir le récit et devenir un exposé sur la conduite. Pareil avec les teams de street Racing. Ces courses de rues, bien que très organisés par les teams sont totalement illégales et réalisées sur des routes et non pas des circuits. Ce qui réclame une organisation et une logistique qu’on est loin d’imaginer…


On suit le parcours de Takumi qui bien qu’il possède une maitrise exceptionnelle et un vrai talent pour le pilotage n’est pas un street racer ou un pratiquant volontaire du Drift. En effet, si le gars maitrise autant son véhicule, c’est pour une raison toute simple: son père possède une fabrique de Tofu artisanal et Takumi doit livrer chaque matin un hôtel au sommet du Mont Akina. Et au plus il va vite, au plus longtemps il peut dormir :p Il a donc développé une technique et une maitrise de son véhicule à force de cumuler les allers-retours principalement pour rallonger son temps de sommeil. ET y’a pas que la vitesse à maitriser, le Tofu c’est fragile et ça n’aime pas être malmené durant le transport. Donc en plus d’aller vite, Takumi doit garder son véhicule stable et éviter les cahots. Donc forcément, ça l’amuse pas spécialement de conduire et en plus son père lui force un peu la main…


Pourtant il va se retrouver mêlé un peu par hasard aux street racers et rentrer petit à petit dans le monde du drift et des courses de rue. Pourtant Takumi est loin de partir gagnant car sa voiture -la fameuse Toyota Trueno AE86- est vieille et date du milieu des années 80. Et 10 ans dans le monde et la technologie des courses automobile c’est une eternité… Mais Takumi possède une technique et une connaissance de son véhicule qui lui permet de l’emporter sur des véhicules nettement plus récents et performants.


Initial D est un Seinen, mais il est construit un peu comme un shonen avec tout ce que cela implique. Un anti-héros ignorant son talent, des rencontres qui lui permettent de le reveler, des « ennemis » qui deviennent des alliés et des affrontements avec des adversaires de plus en plus forts qui se succédent jusqu’a l’inévitable tournoi. Pourtant le titre ne tourne pas en rond et ne se contente pas d’enchainer les courses et sais se renouveller notamment grace à la palette de personnages mise en place et les histoires entre ces personnages. Au début , c’est plutôt axé sentiments, car les protagonistes sont pour la plupart des ados ou des jeunes adultes, mais le récit comme les protagonistes prennent de la consistance et deviennent au fur et a mesure plus profonds et subtils. Pourtant, les sujets abordés restent plutôt simples, universels et très shonen -amitié, passion, amour, rancœur etc..- et parlent à la majorité des lecteurs.


Passons maintenant au cœur de ce titre: les courses !


Comme on l’a vu plus haut, elle sont super documentées et extrêmement réalistes. Mais elle sont surtout prenantes, addictives et immersives. Car l’auteur a un vrai talent pour nous immerger dans les courses et on a souvent l’impression d’aitre assis à la place du passager tellement on est dedans ! Malgré que les images soient statiques, le réalisme est saisissant et la vitesse des véhicules est palpables et l’intensité lors des courses sont parfaitement transmises. La narration efficace expliquant le déroulé des courses, y est pour beaucoup car les explications s’intègre harmonieusement dans le récit. Comme Takumi est néophyte de l’univers , on apprend en même temps que lui. On perd donc pas de temps avec les explications et surtout on ne casse pas le rythme pour les donner vu qu’elle sont distillées pendant l’action. Les véhicules sont fidèlement dessinés et les amateurs de belles japonaises seront aux anges car rien n’est mis de coté. Ce qui contribue aussi aux qualités du titre et à l’immersion dans celui-ci.


Si les véhicules et les scènes de courses sont parfaitement illustrées, par contre les personnages sont un peu moins bien dessinés et paraissent très brouillons par rapport au reste. Mais bon, rien de dramatique non plus et surtout c’est pas le cœur du manga.


Niveau édition, Kazé livre un joli taf! Papier de qualité et impression nette et sans bavures. Petites clefs de compréhensions dans les marges pour bien saisir les termes techniques et/ou contextuels. Cependant le rythme de publication est assez lent avec en moyenne 2 tomes par an. Alors que le titre est terminé depuis 2013, ici on n’en est qu’au 39e tome sur 48, au moment ou j’écris cet article. Si Kazé continue sur ce rythme il faudrait encore quasiment 5 ans pour que le manga se termine ici. Car le manga marche moyen et Initial D est surtout connu via son animé qui a largement été diffusé en francophonie (sur les chaine du groupe AB ou NT1) et intégralement dispo en DVD.


En résumé Initial D est un titre fondateur, un précurseur dans son genre. Et ses 50 millions d’exemplaires vendus et l’influence qu’il a eu dans le monde en sont la preuve. Sans doute que sans Initial D, on aurait pas eu Fast & Furious et beaucoup moins de voitures tunés au début des années 2000. Donc amateurs de bolides, de courses, de street racing et d’histoires bien foutues, ou bien de tout ça ensemble, foncez sur ce titre qui file à 200 kmh !

Lupin_the_third
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le 24 avr. 2020

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Lupin_the_third

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