Je crois que c’est la première fois que j’éprouve des sentiments pour une héroïne de BD. J’espère que ma chérie ne lira pas ce texte… quoique, ce serait amusant de voir si elle jalouse un personnage fictif.
Bon, évidemment, j’en rajoute ! Mais c’est une façon de dire que le personnage qu’a créé Jordi Lafebre est juste trop cool. Dixit ma première critique de Je suis leur silence, où l’on découvrait déjà une Eva déjantée, électrique, perchée sur ses ailes !
Nous voilà replongés dans un décor barcelonais, immédiatement happés par une nouvelle enquête au ton différent du premier tome. Eva reste entourée des présences de ces femmes qui composent sa famille, un chœur de voix féminines à la fois taquines, moqueuses, parfois un peu folles, mais toujours soudées. L’auteur rend à travers elle un bel hommage à ces femmes qui ont combattu le fascisme, qui ont pris les armes, et dont l’esprit continue de tourner autour d’Eva, entre tendresse, exubérance et complicité.
J’ai trouvé cette idée magnifique, et toujours bien dosée.
Dans ce tome, on plonge donc rapidement dans une véritable enquête qui reprend les personnages du premier opus dans un nouveau contexte. Et cette fois, c’est différent : là où l’on découvrait une Eva prête à faire mordre la poussière aux masculinistes, aux beaufs mal alpha et autres businessmen imbus de leur personnalité, on la retrouve ici face à elle-même. À son histoire, à ses blessures peut-être, à tout ce qui l’a façonnée, notamment à travers le parcours de sa mère.
C’est très joliment amené, tout en finesse, et l’enquête fonctionne parfaitement. J’ai d’ailleurs été davantage embarqué - niveau enquête - que dans le premier tome, où Eva occupait presque tout l’espace. Ici, tout est bien équilibré et ça donne une suite maîtrisée.
On retrouve évidemment toute l’électricité d’Eva, cette façon bien à elle de raconter et d’emporter tout sur son passage. Elle est irrésistible et imprévisible, et Lafebre parvient, comme toujours, à faire vivre chacun de ses personnages avec une belle justesse.
La fin ouvre clairement sur une suite, et j’ai hâte de voir ce que ça va donner. J’espère que la série ne s’essoufflera pas, mais je n’ai aucun doute : il y a encore matière à se faire plaisir et à profiter de ce superbe personnage, de cette Barcelone lumineuse et naturellement mise en valeur.
Et lire Silent Jenny de Mathieu Bablet en parallèle, c’était parfait : l’une sombre et grave, l’autre pétillante et pleine de vie. Deux univers opposés, mais un bel équilibre.
Allez Eva, continue à mettre le bazar, on en redemande !