Après trois précédents tomes se focalisant sur le conflit idéologique opposant les deux camps des icônes Marvel suite à la promulgation de la loi de recensement des super-héros, le crossoverCivil War se poursuit avec un quatrième tome : Journal de Guerre. Le tome 03 ayant été fortement impacté par la mort de Captain America, on peut s’attendre à un réel basculement dans l’équilibre du conflit à présent…

Eh bien il faudra patienter pour cela. En effet, ce tome 04 prend le parti de modifier totalement sa narration, en ne se centrant plus sur les super-héros comme précédemment, mais sur deux reporters. Si jusqu’à présent on avait pu (trop ?) longuement assister aux oppositions d’idées entre nos têtes masquées préférées, ce quatrième opus nous amène à considérer le conflit sous un point de vue nouveau : celui des citoyens. Aussi, c’est donc par l’intermédiaire de Ben Urich, journaliste au Daily Bugle (ayant déjà fait de préalables apparitions dans l’univers de Peter Parker); et Sally Floyd, qui avait déjà pu s’illustrer au sein des pages de Generation M, que s’opère le suivi de l’histoire.
La série Embedded nous permet donc d’assister à l’enquête parallèle menée par ces deux journalistes chevronnées, qui voient rapidement en cet affrontement bien plus qu’une divergence sur la divulgation d’identité ou non des surhumains.

Et il faut dire que le récit se révèle plaisant à suivre. Si l’on se situe chronologiquement avant les événements de La Mort de Captain America (ce qui pourra à nouveau perturber quelques peu la chronologie de l’ensemble de cette saga Marvel Deluxe), recentrer l’action à un niveau finalement plus commun et donc plus parlant au lecteur est une très bonne idée. D’une certaine manière, le propos se fait d’avantage social que politique. L’enquête progresse bien, donnant envie de suivre les découvertes de nos deux compères. Si le trait de caractère de Sally est régulièrement marqué, on ne verse jamais dans la mise en scène abusive de la femme forte sans intérêt. Une très bonne chose, qui tend à réellement apprécier le personnage pour ce qu’elle est.

Au final, les découvertes des deux reporters sont évidemment énormes et outrepassent tout ce qu’ils auraient pu imaginer, et on pourra regretter tout de même à nouveau une mise en exergue du côté manipulateur de Tony Stark. Profiter du conflit pour s’enrichir en jouant sur les cours de la Bourse… On avait déjà de plus en plus de mal à ne pas voir Iron Man comme l’antagoniste de l’histoire avec le tome 03, c’est à présent impossible d’ignorer tout cela. A voir si la suite de la série saura revenir sur ses actes pour justifier le point de vue d’une telle prise de position.

La seconde grosse série formant ce quatrième tome s’intitule The Accused et se focalise sur Speedball. A nouveau, on est surprit par un changement de centralisation sur les personnages principaux en s’écartant des têtes d’affiches habituelles.
Une très bonne façon de servir le propos, car avec tout ça, on en oublie effectivement de revenir aux bases : l’explosion opérée par Nitro suite à l’attaque des New Warriors. Et de fait, à s’attarder sur la formation des deux camps derrière Iron Man et Captain America, on a jamais réellement pu voir ce qu’il advenait de ceux qui sont au final les principaux concernés.
C’est ainsi qu’on suit un Speedball sous l’opprobe d’un peuple entier qui ne demande qu’à ce que justice soit faite. Politiques, médias, c’est l’acharnement de tout un système qui cherche avant tout un exemple pour punition. Et c’est ainsi que l’on assiste à une véritable descente aux enfers pour l’ancien super héros dont tous les super pouvoirs du monde ne pourraient l’aider dans sa chute. L’occasion également de revenir en images sur la prison de la zone négative, ce qui rend à nouveau très discutable les prises de positions de Mister Fantastic et Tony Stark au vu des conditions carcérales établies. Quoiqu’il en soi, le rôle de bouc émissaire de Baldwin le conduit dans une spirale infernale dont il ne ressortira pas indemne (au propre comme au figuré). Finalement, lui qui est indirectement à l’origine du conflit ne choisit aucun des deux camps et préfère changer d’identité pour devenir Penance. Une origin story originale, qui rend justice au crossoverCivil War en démontrant un véritable impact sur le futur du personnage.

La dernière partie de ce tome, enfin, pêche par un mauvais assemblage de la publication par Panini. Le lien entre les atlantes et le rôle de Norman Osborn, abordé mais non approfondi auparavant via Ben et Sally, se révèle enfin. Dommage de ne pas avoir révélé l’ensemble au fil de l’intrigue de l’enquête, donnant de fait plus de poids à cette dernière. Globalement, relier le tout au peuple atlante semble manquer de conviction d’une certaine manière. On pourrait presque sentir qu’il s’agit d’une façon d’étendre le conflit à l’ensemble des personnages Marvel. Il n’est de plus nullement fait mention des agissements de Wolverine suivis dans le tome 02, ce qui aurait pu assurer un lien scénaristique dans la publication. Un certain désintérêt se fait donc sentir, d’une part en l’absence de personnage charismatique fort, d’autre part car d’énièmes révélations et nouvelles branches scénaristiques semblent plus alourdir le récit que l’approfondir.

Dans sa réalisation globale, ce quatrième tome se révèle en revanche solide sur toute la ligne. En dépit de plusieurs dessinateurs se partageant l’ensemble, on conserve une cohérence artistique dans le rendu (évitant le gouffre qualitatif du second tome). Les dessins sont de qualité, proposant plus de dialogues et de gros plans de visages que de scènes de bataille dû au point de vue d’avantage civil du récit.
Au final Journal de Guerre a le bon goût de varier sa narration, rompant avec une certaine répétitivité qu’on pouvait ressentir en fin du troisième tome. Une façon d’orienter la réflexion dans un autre angle que la volonté exclusive des super héros. Le devenir de Speedball est également intéressant, et plutôt réaliste dans la mise en avant de sa position de bouc émissaire dans un affrontement qui semble dépasser tout le monde. On regrettera encore une fois un assemblage erratique des épisodes dans la publication, mélangeant les éléments de scénario et les personnages dans un fouillis d’informations perdant en intérêt. Dans l’attente de nouveaux éléments pour contrebalancer tout cela, la position d’Iron Man laisse également très dubitatif.

David_AVINENC
6
Écrit par

Créée

le 29 nov. 2023

Critique lue 84 fois

2 j'aime

David_AVINENC

Écrit par

Critique lue 84 fois

2

D'autres avis sur Journal de guerre - Civil War, tome 4

Journal de guerre - Civil War, tome 4
David_AVINENC
6

Journal aux pages mélangées

Après trois précédents tomes se focalisant sur le conflit idéologique opposant les deux camps des icônes Marvel suite à la promulgation de la loi de recensement des super-héros, le crossoverCivil War...

le 29 nov. 2023

2 j'aime

Journal de guerre - Civil War, tome 4
Antevre
7

Critique de Journal de guerre - Civil War, tome 4 par Antevre

Des surhommes qui se poutrent la gueule pour de belles idées, c'est bien joli, mais concrètement, ça veut dire quoi pour les gens ? C'est un peu ça, Front Line. Enfin, c'est plusieurs choses. La...

le 17 juil. 2017

2 j'aime

Journal de guerre - Civil War, tome 4
Bruninho87
8

Posé, mais intéressant !

Encore un super tome. Je vais surtout m'attarder sur les 2 "grandes histoires" de ce tome. A savoir, les journalistes et leur découverte du complot, et la partie avec Speedball devenu Penance. La...

le 11 févr. 2018

1 j'aime

Du même critique

A7
David_AVINENC
8

Pas loué ! Pas loué !

Le rap c'était mieux avant et pourtant, jamais autant d'artistes n'auront émergés dans cette catégorie que ces derniers temps. En cette fin d'année, la révélation est un certain SCH (Schneider pour...

le 31 déc. 2015

14 j'aime

Anarchie
David_AVINENC
6

Le doigt au fond ?

A7 avait déjà su surprendre tout le monde fin 2015, mixtape du nouveau venu SCH qui s’amène sans crier gare. Je ne m'attarderai pas d'avantage sur la qualité de cette mixtape et vous laisse vous...

le 27 mai 2016

6 j'aime

8

Love Story
David_AVINENC
9

Quand la country se met au rap, quand le rap se met à la country...

Après un premier album studio (Radioactive) qui n'avait su satisfaire les attentes des fans, Yelawolf (Michael Wayne Atha de son vrai nom) se devait de produire un second opus à même de renouer avec...

le 18 janv. 2016

6 j'aime

2