Les mots pour décrire mon amour pour L'Accident de chasse manquent. Je l'ai dévoré en un jour. Inspiré de faits réels et reprenant La Divine Comédie de Dante, il se tient à la croisée de la vulgarisation philosophique (comme un The Good Place), littéraire et de l'expresion poétique, tout en étant un poignant témoignage d'une relation père-fils, belle, mais équivoque. D'un symbolisme poignant, ses graphismes contrastés et sombres tranchent avec l'optimisme réaliste vers lequel le roman veut nous conduire. Il a un but intra-diégétique qui exsude également au niveau extra-diégétique. Son objectif est de nous ouvrir le troisième oeil du poète, comme ce fut le cas pour le protagoniste, Matt, ayant été incarcéré pour une erreur de jeunesse l'ayant également rendu aveugle. L'oeuvre raconte sa descente aux enfers dantesque et son chemin vers la rédemption et le paradis, suivant la structure mythique. Le roman graphique exprime de très intéressantes réflexions sur la portée de l'art et la nature de la liberté ; l'homme incarcéré mais exempt des chaînes de l'ignorance est-il moins libre que l'Homme libre mais en proie aux prestidigitateurs platoniciens ? Où la véritable richesse gît-elle ? Comment accorder une place à la beauté dans un monde prosaïque qui valorise un pragmatisme efficace et placide à la poésie, jugée inutile ?
Il se sert d'exemples pratiques internes, au récit pour illustrer des dilemmes moraux, des notions philosophiques (comme la caverne de Platon) tout en étant une parabole du suicide, du désespoir et du renouveau. Tout au long du récit, des visions du monde différentes, parfois opposées, se confrontent et des relations de maîtres à disciples se créent : l'Accident de chasse est une succession de gestations spirituelles, de chrysalides en processus d'éclosion, dont on ressort tout autant métamorphosé que les protagonistes.