L'An Zéro, 1ère Partie de Scott Snyder et son équipe d’artistes survoltés, c’est un peu comme un album photo d’un camping apocalyptique : entre la débrouille, les moustiques (version Joker), et une Batmobile un peu cabossée, le mythe du Chevalier Noir prend des couleurs qu’on n’avait pas vraiment demandées.


Ce tome revisite les débuts de Bruce Wayne en Batman, mais dans une Gotham qui semble avoir confondu "origin story" et "festival post-apocalyptique à thème". Exit la noirceur purement gothique : ici, la ville se couvre de plantes grimpantes et d’un air de "Mad Max dans une serre". Snyder, fidèle à son ambition de réinventer le mythe, nous sert une histoire d’origine énergique, parfois trop, avec des rebondissements qui t’envoient plus de fumée qu’un feu de camp mal maîtrisé.


Le scénario de Snyder, comme à son habitude, jongle entre les symboles lourds de sens et les scènes d’action qui claquent. Mais dans L'An Zéro, l’équilibre vacille. Les flashbacks sur la jeunesse de Bruce et ses débuts en justicier sont intéressants, mais le tout est parfois noyé dans une surenchère narrative où chaque détail semble vouloir crier : "Regardez comme je suis important !". L’ambition est là, mais le souffle épique se heurte à un excès de complexité.


Côté dessin, Greg Capullo fait des merveilles, comme toujours. Ses décors post-apocalyptiques, ses personnages expressifs, et ses scènes d’action dynamiques en mettent plein la vue. Mais la palette de couleurs saturées et les choix artistiques audacieux donnent à Gotham un look qui pourrait te faire penser que Poison Ivy a été nommée directrice artistique. Le tout est superbe, mais parfois presque trop criard pour une histoire censée explorer les racines sombres de Batman.


L’un des points faibles, c’est que cette première partie donne l’impression de beaucoup poser ses pions sans vraiment jouer la partie. Les méchants sont là (coucou le Sphinx et ses énigmes en mode big boss), mais leur menace reste en suspens, comme si on te promettait un feu d’artifice qui ne démarre pas tout à fait.


En résumé : L'An Zéro, 1ère Partie est une relecture audacieuse des débuts de Batman, avec un mélange de styles visuels qui captivent autant qu’ils déroutent. Snyder et Capullo prennent des risques, certains payants, d’autres un peu moins, mais le résultat reste intrigant. Une Gotham en mode "road trip apocalyptique" qui divise, mais qui ne laisse pas indifférent. Une étape colorée dans l’histoire de la chauve-souris, mais pas encore un grand envol.

CinephageAiguise
7

Créée

le 28 nov. 2024

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