Plongée dans le passé de Bruce
Ce quatrième tome de Batman nous propose de replonger aux origines du mythe. En effet Scott Snyder décide de nous narrer, à son tour, les premiers pas du justicier de Gotham. Sans pour autant toucher à Year One, selon ses dires en préface, qu’il considère comme l’un de ses comics préférés. Et comme à son habitude, nous allons avoir le droit à une saga bien longue, pas moins de douze épisodes, un an de publication, pour nous narrer la jeunesse de Batman.
J’avoue que j’entame cette saga avec beaucoup moins d’enthousiasme que sur les précédents tomes. Snyder m’ayant habitué à appâter, à faire monter l’intérêt avant de décevoir dans ces fins pas à la hauteur.
Il y a cinq ans, Bruce Wayne, jusqu’alors porté disparu, est revenu à Gotham, bien décidé à mener une guerre au crime. Mais le poids de son héritage le pèse, et son plus grand adversaire ne sera pas le Red Hood et son gang mais bel et bien une nouvelle menace issue des Entreprises Wayne !
(Contient : Batman #0, 21-24)
Avec ce premier, des deux tomes, consacré à Year Zero, nous avons le droit aux quatre épisodes de la Cité Secrète. Tout commence il y a six ans. Nous découvrons une Gotham méconnaissable, recouverte de végétation, les cages d’escaliers menant aux métros débordent d’eau, des poissons nageant dans ces dits métros. On se croirait en plein milieu de Walking Dead ou de Je Suis une Légende. La nature ayant repris son droit sur la civilisation. Mais pas d’explications tout de suite. Pour comprendre ce qu’il s’est passé, il faut remonter, encore, cinq mois en arrière.
Le jeune Bruce Wayne, que tout Gotham croit mort, est de retour en ville, bien décidé à combattre le crime, un crime nouveau et implacable, illustré par Red Hood et son gang. Seul le fidèle Alfred est au courant de ce retour, Bruce étant bien décidé à continué de faire croire à sa mort afin de pouvoir agir à sa guise. Et notre jeune milliardaire y met toutes ses forces et les moyens. Haute technologie, déguisements absolument bluffant, habile combattant, grand esprit de déduction mais un caractère un peu sanguin. Alfred ayant beaucoup de mal à le raisonner. Et les deux hommes vont très souvent au clash ! Et même au-delà du clash. Mais malgré leur désaccord, Bruce pourra toujours compter sur son majordome pour le rafistoler.
Le lien Bruce/Alfred est vraiment mis en avant durant cette saga. Peut-être encore plus dans le second tome. On sent qu’Alfred tient profondément à Bruce, mais qu’en même temps il se sent coupable de quelque chose vis-à-vis du jeune homme. Et ce dernier sans le confirmer ou l’infirmer le fait bien ressentir aussi, en étant toujours à la limite de l’explosion dès qu’Alfred s’oppose à lui. Et cette froideur semble être la même vis-à-vis de Gordon. On sent tout de suite que ces deux personnages emblématiques ne vont pas devenir des alliés irréprochables, des confidents du Batman d’un simple claquement de doigt.
S’il est aussi expéditif et intransigeant c’est peut-être parce qu’il n’arrive pas à comprendre Red Hood n°1, le chef du gang, ce dernier est un véritable malade et ses crimes, toujours plus violents, semblent n’avoir aucun lien entre eux, comme s’il laissait parler sa folie. Et pourtant, ce premier ennemi est d’une intelligence démoniaque et Bruce va avoir beaucoup de mal à le cerner. D’autant que pendant ce temps, son oncle Philip Kane annonce à tout Gotham le retour de Bruce en ville, malgré le refus de ce dernier. Mais Philip ne semble pas être le seul à décider, un certain Edward Nigma tire les ficelles dans l’ombre…
Ces balbutiements, ces échecs de Bruce Wayne en tant que justicier anonyme sont amusants à voir, c’est assez rare de voir Bruce chuter aussi souvent. Et ce sont ces échecs qui vont l’inciter à prendre l’identité de Batman. Et Greg Capullo nous gratifie d’une formidable scène où Bruce fait face à la chauve-souris. Scène qui était, pour ma part, attendu depuis le début de ma lecture. C’est l’une des scènes qu’on ne peut ne pas avoir dans les origines de Batman. Tout comme celle de la cuve de produits chimiques et Red Hood. Si Snyder n’annonce pas clairement qui est ce personnage énigmatique, farfelu et diabolique, difficile pour nous lecteurs, de ne pas nous faire notre propre idée.
Comme je viens de le dire sur la scène révélatrice de la chauve-souris, Greg Capullo nous offre des planches à couper le souffle ! C’est magnifique à regarder et avec pas mal de clins d’œil, comme la casquette de Bruce ou les gants mauves de Batman. L’action est vivante, le stress de Bruce palpable, les craintes d’Alfred pesantes. Une mise en page au top comme toujours, avec quelques petites originalités comme avec Ouroboros (qui apparaît chez les Egyptiens et les Scandinaves avant les Grecs…)
Mais, personnellement, tout n’est pas parfait. Quelques cases m’ont choqué, dans le sens qu’elles ne sont pas vraiment jolies, notamment lors de la bagarre finale dans l’usine d’A.C.E. Chemical, des postures de Batman bizarres au niveau anatomique. Des yeux pas toujours expressifs ni réalistes. Et j’ai un peu de mal avec toutes les scènes colorées dans les tons rouges par Fco Plascencia. Mais cela reste, de manière générale, un régal pour les yeux.
Nous avons ensuite les backups de ces épisodes, où l’on peut suivre l’entraînement de Bruce à travers le monde. Le vol et la conduite au Brésil, la survie et le travail des méninges avec un Russe en Egypte, ou encore le combat à la dure en Norvège. C’est court mais bon. On sent très bien la pression que se met le jeune Bruce sur les épaules. Et en plus les dessins sont signés par Rafael Albuquerque.
Bref, comme souvent, avec Scott Snyder, le début de cette saga est excellent, et met l’eau à la bouche. On sait de suite que ce Red Hood barjo n’est qu’un clin d’œil de Snyder, et un prétexte pour expliquer l’apparition de la chauve-souris. Le véritable ennemi c’est Enigma, même s’il reste dans l’ombre quasiment tout le tome avant de se lâcher littéralement à la fin. Maintenant, attaquons le tome 2, et je tremble d’avance, tellement peur d’être déçu.