L'album est composé de deux histoires de 22 planches chacune, respectivement les 15ème et 16ème histoires écrites et dessinées par Morris pour son perso phare Lucky Luke. Celles-ci composeront le 7ème album chez Dupuis.
Et après avoir alterné le moyen, tel que Sous le ciel de l'Ouest que l'on mettra sur le compte des débuts, ou les forts sympathiques Pat Poker et Hors-la-loi on se disait que Morris était lancé pour assumer seul son perso.
Jusqu'à la sortie du Docteur Doxey où Morris retombe dans la facilité et quelque part un peu le médiocre (même si cela fait mal de le dire)...En effet, ces deux histoires du charlatan escroquant ces honnêtes gens crédules manquent de coffre et de subtilité : gros gags (ex: cheval bourré qui titube sur 3 planches), gangsters avec un manque de charisme mais originaux (très peu d'utilisation d'armes loin des codes desperados), répétition des escroqueries (on change juste la formule de la boisson mais le procédé du Docteur Doxey reste le même).
Deux éléments chagrinent et concernent Lucky Luke himself :
-> dans l'histoire 1, Lucky Luke et le docteur Doxey, on est vraiment immergé dans les sortilèges du docteur et Lucky Luke est très discret, on a du mal à s'identifier à son personnage. Pour preuve : sur les 237 cases de l'histoire, LL n'apparait que sur 61 d'entre elles, soit sur un quart de l'histoire. Ça fait pas beaucoup pour un héros et qualitativement il n'est pas au rendez-vous.
-> dans l'histoire 2, Chasse à l'homme, Lucky était censé pouvoir dormir tranquille. Patatra, le docteur Doxey s'échappe de sa cellule avec le carreau de ses lunettes et pour passer incognito, il se rase moustache et barbe. Il se remet à vendre des potions de toutes sortes avec sa même carriole, dans les patelins paumés d’à côté et Lucky Luke n'y voit que du feu !!! Les pièges tendus sont plus gros encore que dans l'histoire précédente et notre héros préféré tombe les deux pieds dedans. Là ce n'est plus qu'on a du mal à s'identifier mais on a du mal à adhérer au récit.
Bref tout n'est pas mauvais, un dessin qui se peaufine, toujours cette combinaison d'épure et de dynamisme et un méchant qui avait du potentiel : il oscille entre une recherche de la science pour la science et une science pour les deniers ; ce qui le rend un peu plus complexe qu'imaginé au premier abord.
Finalement, ce perso vient certainement un peu tôt dans la saga, en pleine montée en puissance, mais dont Morris seul n'arrive pas à en exploiter tout le potentiel. Morris sent qu'il est venu le temps de se concentrer uniquement sur le dessin qui est son cœur de métier.
Pour continuer à tenir un rythme intense de sorties d'album tout en augmentant la qualité de ses récits, il lui fallait trouver mieux qu'un elixir, mieux qu'un docteur, un certain René qui amenera bientôt une sorte de potion magique à l'univers Lucky Luke.