Du rififi à Chinatown

Le plus curieux, c'est que Goscinny ose centrer tout un album sur Rantanplan, j'avoue que j'ai toujours éprouvé un intérêt très relatif pour ce cabot stupide, mais source d'effets comiques. L'album se révèle assez bon en dépit d'un sujet saugrenu, notamment à cause de sa description de la communauté chinoise qui a apporté sa contribution à la conquête de l'Ouest, en construisant le chemin de fer, c'est donc intéressant de parler de ces Chinois dont l'intégration dans la société américaine s'est faite avec moins de violence et de haine que pour les Noirs ou les Indiens. Et puis lorsqu'il y a Rantanplan dans une aventure de Lucky Luke, en général, les Dalton ne sont pas loin, comme on le voit sur la couverture.
Goscinny enchaîne donc les situations insolites et savoureuses, aidées d'un dialogue toujours rempli de fines allusions, d'idées marrantes (le coup du revolver en savon d'Averell) et de bons gags (celui de la page 30 où Luke berne les 4 frères stupides). Morris est au mieux de sa forme et n'oublie pas d'insérer ses personnages réels, tel Mark Twain page 13, alors journaliste mais qui deviendra un grand écrivain américain.
Le seul petit reproche que je ferais à cet album, mais c'est pas bien méchant, c'est la colorisation : un trop grand nombre de cases ont des fonds violet, vert ou orange pas très heureux. Sinon, ça reste un album qui pour moi n'égale pas La Diligence, le Pied Tendre, Ma Dalton ou Le Fil qui chante... mais qui est d'un très bon niveau.