Comment le sexe est venu à nous

Cette bande dessinée présente en plusieurs chapitres l'évolution de la sexualité de la préhistoire à nos jours, en Occident. En passant de la Grèce antique à Rome, du Moyen Âge aux Lumières, les auteurs, Philippe Brenot et Laetitia Coryn, racontent les moeurs et leurs temps. Ils terminent par retracer les changements drastiques qui sont apparus au vingtième siècle, et par imaginer le sexe du futur, où la reproduction serait totalement indépendante du plaisir sexuel, qui lui serait devenu libre (des contraintes culturelles) mais virtuel.

D'une manière générale, L'incroyable histoire du sexe explique comment, à travers les âges, la domination des hommes sur les femmes via des principes culturels et religieux permettaient/permettent à ceux-ci d'exister en tant que citoyens, de posséder plus, et de jouir davantage de leurs corps (et des autres). L'adultère féminin fut ainsi souvent condamné par la mort, tandis que le masculin pouvait s'en tirer sans trop de problèmes. Les hommes pouvaient également profiter du corps d'autres femmes, via la prostitution, ce qui n'était pas autorisé pour le sexe opposé sous peine d'être considérées comme des débridées, des "salopes". La femme devait se faire pénétrée, et se détourner de son clitoris.

Philippe Brenot et Laetitia Coryn dépeignent de manière classique, mais drôle et sans pruderie mal placée, nos habitudes sexuelles à travers l'Histoire. Le dessin et l'humour permettent ainsi de prendre une certaine distance avec l'horreur racontée (souvent à l'encontre des femmes). Un mémo synthétise à la fin du bouquin différentes notions essentielles telles que l'éducation, la "normalité" ou l'orientation. Derrière le rire, L'incroyable histoire du sexe est une sorte de mise en garde également : pour chaque avancée sexuelle, une nouvelle vague rétrograde (en particulier envers les femmes et les gays) se propage quelques années plus tard. Un pas en avant, deux pas en arrière.

C'est une bande dessinée que je conseille à tout le monde, et peut-être en particulier aux plus jeunes ou aux adolescent.e.s, car elle permet d'aborder le sexe de manière décomplexée. Elle redit ce que tout le monde sait (et n'ose pas se l'avouer), que l'homosexualité fait partie de l'humanité et a toujours existé, même si elle fut/est très souvent méprisée et avilie. Que la masturbation est bonne pour la santé, seul.e ou en couple. Elle remet la jouissance de la femme au centre, et par la même, se venge de toutes les horreurs subies par le féminin à travers les siècles, sous le prétexte d'une domination naturelle, mais cachée par des principes culturels.