Après la lecture des premiers opus, le saut dans le temps vers celui-ci laisse très perplexe. Après des intrigues denses, des péripéties nombreuses et des personnages particulièrement fouillés, cet épisode marque par la minceur de son propos. Des terroristes ont détourné un avion dans lequel Jean-Jean est monté, Lefranc vole à son secours et se comporte comme un militaire très aguerri pour remettre ces vilains malotrus à leur place. Pour être honnête, si cette aventure reste divertissante, on est très loin de la qualité des premiers épisodes. Les points faibles principaux sont le manque d'épaisseur des pirates de l'air et la facilité avec laquelle Lefranc monte son improbable opération. Un simple journaliste qui parvient à louer un planeur nouvelle génération et un fusil à lunette qui envoie des seringues somnifères, c'est quand même un peu fort. Que le simple journaliste s'acquitte de sa mission avec la facilité d'un expert frise le ridicule. Que les pirates tombent comme des mouches sans jamais réussir à inquiéter notre héros frise le ridicule. Que l'armée vienne ramasser les mouches à la fin de l'aventure et remercie Lefranc d'avoir donné un peu de son temps frise le ridicule.


Tout ceci est un peu dommage car l'ambiance est plutôt sympa. Portées par un dessin maîtrisé et des décors vraiment dépaysants dans un orange caressant, les pages se tournent avec facilité. On retrouve les enjeux des fictions du début des années 80 avec héros sans peur et sans reproche, action terroriste un peu folle et crise géopolitique toujours en gestation. L'aventure ne manque, à ce titre, pas d'action même si l'histoire souffre de son incroyable platitude. En fait, tout cela évoque un jeu de tir un brin suranné sans moments d'infiltration et sans rencontres déterminantes. La seule que fait Lefranc permet à l'auteur de rendre hommage au peuple autochtone mais le personnage, comme les autres, manque franchement de profondeur. Les pirates, eux, se limitent à de simples cibles un peu bêtas dont les motivations semblent être l'argent et non la politique. Tout cela est un peu court, évidemment.


Il reste donc une BD en forme de série B un peu badass mais sans morceau de bravoure et sans bons mots. Le ton paraît plus violent que les premiers mais beaucoup moins sérieux. Tout cela sent trop le récit de militaire de pacotille pour convaincre le lecteur friand de mystères, tel qu'on est en droit d'en attendre quand une série a pour personnage principal un journaliste. Distrayant mais franchement dispensable, voilà un opus vraiment trop superficiel pour faire illusion... même dans le désert.

Play-It-Again-Seb
6

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le 19 avr. 2022

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