Une satire sur le milieu littéraire pleine d'humour

Lorsque j’ai entendu parler de ce livre mettant un scène un ours qui devient écrivain après avoir volé un manuscrit, j’ai tout de suite été intéressé. Cela sentait la fable mordante contre le milieu littéraire. Porté par Kokor, un dessinateur dont j’apprécie le trait, tous les voyants étaient au vert. Le livre est une adaptation d’un roman de William Kotzwinkle paru il y a 25 ans. Si la BD a ses qualités propres, on a très envie d’aller lire la prose de cet auteur ensuite… Le tout paraît chez Futuropolis pour 128 pages de lecture.


Arthur Branhall a fini son manuscrit. Il essaie de récupérer toutes les ficelles des best-sellers pour en faire un lui-même. Mais la cabane où il s’était retranché pour écrire prend feu. Tout son travail disparaît. Pendant un an, il se remet à l’ouvrage, avec de bien plus nobles intentions. De peur de laisser son nouveau livre dans sa nouvelle maison, il l’enterre au pied d’un arbre. Un ours qui l’observait récupère le livre (espérant y trouver du miel) et part à New York pour se faire publier. Sa seule envie : manger.


« L’ours est un écrivain comme les autres » est une satire du milieu littéraire. Le fait que personne ne s’aperçoive que l’ours est… un ours met ce livre dans la catégorie des fables. Son côté rustre est très prononcé : il est immense, poilu, ne pense qu’à manger, se roule par terre et fait l’amour comme une bête. Mais personne ne s’en étonné, au contraire : dans le milieu, être excentrique est un point fort et les éditeurs ont l’habitude…


Ce livre plein d’humour de par les situations ne manque donc pas de mordant. Mais en parallèle, on retrouve aussi la trajectoire d’Arthur, déprimé, à qui un nouvel ami cherche de la matière pour écrire. Alors ils se baladent dans la forêt à la recherche d’inspiration… Ou de quelque chose de plus profond ? Le parallèle entre campagne et ville est bien présent, mais c’est peut-être ce qui fonctionne le moins. Les deux lignes narratives ne se croisent qu’au début. Si l’ours va se perdre dans la ville au point de regretter la nature, l’écrivain va lui oublier l’écriture pour la nature.


Narrativement, il y a de belles trouvailles. Kokor maîtrise bien les codes de la bande-dessinée. Son trait s’adapte. L’ours, muet au départ, fonctionne par symboles. Puis le langage vient petit à petit. Graphiquement, c’est une belle réussite. Le trait est beau, affirmé, expressif et parvient à montrer la décadence du milieu littéraire sans peine. Son ours est aussi plus vrai que nature, à peine humanisé. Le tout est colorisé en bichromie avec intelligence. Du beau travail.


« L’ours est un écrivain comme les autres » est une satire très réussie du milieu littéraire. Personne n’en sort grandi. Très drôle et ironique, il est porté par le trait de Kokor, dynamique et expressif. Un beau one-shot à lire et à relire avec grand plaisir.

belzaran
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le 1 sept. 2020

Critique lue 42 fois

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belzaran

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