Le Comics européen qu'on attendait : Des surhommes et du Pulp sur fond de tensions internationales !

Certes, ça a l'odeur d'Alan Moore, ça y ressemble, mais ça n'en est pas.

Foisonnante de références littéraires, cinématographiques et historiques, cette Bande Dessinée, héritage de la littérature Pulp et Science Fiction du début XXème manquait cruellement au paysage littéraire français. Un bon moyen de rappeler que des super héros dignes de figurer dans des comics, il en existait aussi en Europe et avant la Seconde Guerre Mondiale. Mais une fois celle-ci passée, le héros européen est avalé par le traumatisme de l'holocauste et la honte de la collaboration. C'est ce qui explique sans doute que nombre des personnages de cette BD soient inconnus aujourd'hui alors qu'ils étaient très célèbres avant guerre.
C'est ça que moi j'ai vu dans les 6 tomes de cette BD

Certes, le scénario est inégal. Un peu lent au début malgré un prologue prometteur, des tomes 3, 4 et 5 très prenants même si plus classiques dans leur trame, et un final qui PEUT décevoir parce qu'il y a une véritable rupture de ton avec les tomes précédents. Je ne dis pas qu'il est mauvais, mais si on s'attend à la victoire des héros, à la mort des méchants et à un happy end, on sera déçu. Je ne me suis pas remis du traumatisme final mais je ne dirais pas pour autant que c'est mauvais, loin s'en faut.

L'un des faiblesses de cette Bande Dessinée, c'est indiscutablement que malgré 6 tomes, elle est très courte. Ca manque véritablement de matière à se mettre sous la dent. On en attend bien plus et il me semble que beaucoup de réponses manquent, quand celles qui sont données ne convainquent pas toujours.
On regrettera également, la manière dont l'oeuvre se centre sur la France et un petit peu sur l'Allemagne, l'Angleterre, voire la Russie et l'Espagne en pleine guerre civile (l'Italie fasciste n'étant pas présente dans le récit si ce n'est par son unique représentant).

D'un autre côté, la manière dont se croisent les intrigues, dont les auteurs se jouent habilement des faits historiques et dont ils se réapproprient les "héros" de la littérature européenne est assez délectable. Difficile d'ailleurs de ne pas se lancer dans quelques recherches pour se renseigner sur tel ou tel personnage apparaissant dans l'oeuvre (je pense en particuliers aux clins d'oeil faits à de célèbres héros, tel un certain M. Steel - l'homme de fer qui n'est pas sans rappeler un certain kryptonien). On appréciera également nombre de personnages, au charisme certain et dotés de répliques frappantes et auxquels, finalement, on s'attache.
On sent que les scénaristes sont cultivés et qu'ils ont de très bonnes idées. Je pense qu'avec plus de bulles et plus de dialogues pour prendre davantage le temps de les faire comprendre au lecteur, s'eût été un chef d'oeuvre "complet", un peu moins interprétatif et digne des BDs d'Alan Moore.

D'un point de vu visuel, je trouve ça assez convaincant. Le dessin est beau, les personnages bien mis en scène et les couleurs sont belles. De quoi dépoussiérer de manière efficace la vision des années folles françaises qu'on pourrait avoir.

Les scénaristes n'ont véritablement voulu faire d'uchronie que jusqu'en 1939, la deuxième Guerre Mondiale faisant disparaître les héros du continent européen et expliquant l'essor de ceux du continent américain. Du coup, pour en arriver à ce postulat, il a fallu qu'ils soient relativement très fidèles à ce qui c'était passé avant. M'est avis que c'est un tour de force mais que c'est aussi la qu'a été leur faiblesse.

Métaphorique, onirique, cultivé, rafraîchissant. Tels sont les adjectifs dont je gratifierais cette Bande Dessinée qui ne manque véritablement pas d'intérêt. Elle gagne à être connue et je la conseille à toute personne intéressée par la culture européenne des années trente, de l'univers d'Alan Moore voir des X-men et comics (je pense notamment à Marie Curie, reine du Radium qui recueille les "mutants" de la première guerre pour les soigner et les aider dans son Institut à la manière d'un Charles Xavier charismatique).

Bonne lecture !
Samikenz
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le 13 mai 2011

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Samikenz

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