Quand Spirou et Fantasio affrontent le pôle… et une intrigue en hypothermie

Avec La Ceinture du grand froid (1983), Raoul Cauvin et Nic nous entraînent dans une aventure glaciale qui, hélas, peine à réchauffer les cœurs. Spirou et Fantasio troquent leur dynamisme habituel pour un voyage polaire qui souffre d’un sérieux coup de froid côté intrigue et personnages. Bref, une expédition qui aurait peut-être dû rester dans un congélateur narratif.


L’histoire commence sur une idée intrigante : une menace climatique, une mystérieuse organisation, et nos deux héros en quête de sauver le monde. Mais si le pitch a de quoi séduire, son exécution manque cruellement de souffle. Les enjeux, pourtant globaux, paraissent aussi plats qu’un lac gelé, et les péripéties manquent d’énergie, comme si l’équipe avait laissé l’inspiration au vestiaire avec leurs moufles.


Spirou et Fantasio, d’habitude pleins de ressources et d’humour, semblent ici engoncés dans une routine où leurs dialogues manquent de piquant et leurs actions de panache. Quant à leurs alliés et adversaires, ils apparaissent comme de simples accessoires scénaristiques, incapables de sortir de la glace du cliché. Même Spip, souvent la cerise grincheuse sur le gâteau, semble perdre de son mordant.


Graphiquement, Nic fait le travail, mais sans grande originalité. Les paysages polaires offrent quelques jolies scènes, et les décors enneigés posent une ambiance, mais l’ensemble manque de variations visuelles. On aurait aimé plus de dynamisme, plus de folie graphique pour compenser le scénario un peu endormi.


Côté scénario, Raoul Cauvin, pourtant scénariste talentueux, semble ici hésiter entre une fable écologique et une aventure classique. Malheureusement, cette indécision donne un récit maladroit, où les rebondissements paraissent forcés et les dialogues parfois mécaniques. Le message sur les dangers climatiques, bien qu’intéressant, est trop peu développé pour laisser une impression marquante.


Le principal défaut de La Ceinture du grand froid réside dans son manque de personnalité. Là où d’autres albums de Spirou et Fantasio brillent par leur inventivité ou leur humour, celui-ci se contente d’un rythme monotone et d’un humour tiède. Résultat : une lecture qui donne plus envie de se glisser sous un plaid que de partir à l’aventure.


En résumé, La Ceinture du grand froid est une tentative d’embarquer Spirou et Fantasio dans une aventure polaire qui manque de relief et d’intensité. Raoul Cauvin et Nic livrent un album qui, bien qu’honnête, reste largement en dessous des standards de la série. Une expédition où les idées sont gelées, et où même les héros semblent attendre que le soleil revienne. Une aventure qui, au final, laisse les fans de Spirou un peu… frigorifiés.

CinephageAiguise
5

Créée

le 16 déc. 2024

Critique lue 9 fois

Critique lue 9 fois

D'autres avis sur La Ceinture du grand froid - Spirou et Fantasio, tome 30

Du même critique

La Serpe d'or - Astérix, tome 2
CinephageAiguise
7

Quand Astérix et Obélix découvrent Lutèce

Avec La Serpe d’or (1962), René Goscinny et Albert Uderzo emmènent Astérix et Obélix dans leur première grande aventure hors du village, direction Lutèce. L’occasion de découvrir que les Gaulois ne...

le 20 déc. 2024

6 j'aime

Star Trek : Discovery
CinephageAiguise
6

Dans l’espace, personne ne vous entendra pleurer sur la continuité

Si Star Trek: Discovery était un vaisseau spatial, ce serait un vaisseau flambant neuf, blindé d’effets spéciaux, lancé à pleine vitesse... dans une direction scénaristique qu’on a oubliée de...

le 15 mai 2025

4 j'aime

3