En retard sur ma lecture du tome 4, j'ai besoin de mettre en ligne la belle continuité que fait cette série de BD en parlant des trois premiers.
Rares sont les instants où l’avancée d’une horde se fait dans un souffle sourd, haleté, plus que dans le souffle visible du vent. Ici, La Flaque de Lapsane nous entraîne dans une traversée intime. L’eau, là, n’est pas pure, elle est tourmentée comme les esprits de la Horde.
On part sur quelque chose d'un peu plus intimiste et on fini par en avoir le souffle coupé, de les voir autant pataugé, mentalement, comme physiquement!
Le dessin, trop parfait jusqu’ici, craque sur les bords. Il se fait organique, presque chancelant. Les couleurs pillées de minéraux t’ouvrent les yeux sur la fatigue du sol, des corps, des cœurs. On distingue les visages effacés, les traits épuisés des personnages au bord du renoncement.
On sent bien que les personnages sont encore plus maitrisés dans leurs traits et surtout leurs volumes... ça tombe très bien, surtout pour une partie bien plus resserré, comme celle-ci!
La Horde, soudée, tient encore… ou vacille. Les caractères s’entrechoquent. Golgoth se fait mur, Sov s’affaisse peut-être, Callirhoé hésite, le collectif craque. L’adaptation ne t’explique rien, mais elle nous fait sentir la trahison guette, le lien du collectif qui vacille et chaque pas sur la flaque gronde comme un rappel à l’âme commune!
Le parallèle entre le visuel et l'émotionnel, donne encore plus de corps à cette version BD et ira certainement titiller les fâcheux qui iront dire qu'ils préfèrent la version en roman...
Mention Spéciale à Sov qui nous offre quelques planches bien aérés, lors de moments de prises de consciences très belles.
Le récit avance au ralenti, chaque planche t’accroche plus qu’elle ne se lit. Moi j'ai bien apprécié cette partie, voir même encore plus que les deux précédente, mais je peux comprendre que ça puisse être vu comme un tome de transition pour d'autre... Psychologiquement et graphiquement, le ton est donné, la lancée devient un combat d'endurance physique et l’intérieur.
Ce troisième tome déflore l’intime, jusqu’à la trame du collectif. Il prouve que la quête n’est pas seulement dans le corps, mais dans l’être qui claque entre deux bulles. Même à genoux dans la boue, la Horde continue d’avancer, non par force, mais par une douleur partagée, qui leurs interdit d'arrêter là.