Quand frappe le Scorpion...

...on reste pétrifié. C'est l'effet que m'a fait cette série très documentée forte d'un visuel époustouflant.

Marini, après avoir dessiné des séries comme "Gipsy" ou "Rapaces", se lançait là avec le concours d'un nouveau scénariste dans une fresque épique. On y retrouve ses ingrédients habituels qui fonctionnent si bien : un héros charismatique, habile à se sortir de situations difficiles grâce à sa faconde ainsi que sa maîtrise des armes, des femmes magnifiques un peu mystérieuses, des méchants très puissants tapis dans l'ombre. Ces derniers envoient leurs sbires causer bien des tracas au "gentil" héros.

Mais le plus indéniable de cette série par rapport aux autres, c'est qu'il a mis en scène la religion catholique avec tout ce qu'elle représente de mystères potentiels et d'intrigues compliquées. De manipulations et errements également. C'est donc un régal de découvrir comment un petit nombre de familles se sont partagées le monde depuis l'antiquité et de quelle façon elles s'y prennent au XVIIIème siècle pour le conserver les unes vis-à-vis des autres. Luttes de pouvoir, papauté qui sent le souffre, héros voleur de reliques qu'il revend à quelques bigotes amourachées, gitane pourvoyeuse de philtres empoisonnés, soldats de Dieu qui pourchassent avec zèle les cibles désignées par leur maître : tous les ingrédients sont réunis pour nous offrir une fresque épique digne des plus grands films de cape et d'épée.

Au-delà de cette formidable narration, c'est un dessin de génie qui transcende le récit. Marini manie le crayon avec une habileté consommée. Ses personnages sont magnifiques (un peu trop parfois d'ailleurs), ses cadrages cinématographiques et ses décors époustouflants. Mais qu'il ajoute à cela sa mise en couleurs exceptionnelles, son traitement de la lumière maîtrisé et c'est la lecture qui s'en trouve sublimée.

Ce premier tome pose les bases d'une aventure captivante.

Gentes dames et beaux messieurs, c'est le tout meilleur de la BD de cape et d'épée que vous découvrirez là !