Cette première œuvre SF marque tout d’abord par son grand format et sa colorisation très marquée. Le lecteur va suivre le périple de Marv, ancien inventeur devenu livreur, et de son collègue Dino pour remettre une lettre à l’Olympe du titre, veuve du puissant industriel Carlus Traitruss. Le scénario parvient habilement à mettre en avant les intentions de Marv, en dévoilant peu à peu son passé, à coup de séquences flash back intercalées dans le temps présent.
Mais surtout, la livraison sert de prétexte à l’auteur pour développer un univers labyrinthique fourmillant de détails. Influencé par Moebius et McCay (Little Nemo), il dépeint l’environnement du récit dans des plans d’ensemble traités sur des doubles pages bigarrées et psychédéliques pour présenter une forêt luxuriante, une usine fourmillante ou encore des bureaux saturés. Très porté sur l’architecture, ce traitement peut dérouter, notamment sur le déroulé de l’action parfois confus, et pourtant la générosité de la BD l’emporte. Quant au fond du récit, il se décline comme un « thriller » retro futuriste, se moquant de la bureaucratie et du travail à la chaîne, tout en pointant l’avidité et l’injustice. En plus d’être un bel objet, ce premier tome surprenant annonce une série singulière et devrait plaire à un lectorat intrigué par sa forme.