La BD n'est jamais aussi touchante que lorsqu'elle raconte un quotidien, réel ou fantasmé. Ici, il est question de chute. Chute d'un yaourt périmé par dessus la rambarde d'un balcon ou chute d'un voile blanc sur une époque. Trondheim, annonçait que cette BD serait la dernière qu'il dessinerait (10 ans plus tard on sait que ce fut une annonce du type "tournée d'adieu de Charles Aznavour" ou "mariage d'Eddy Barclay"), du coup il épuise une dernière fois ses personnages. Ils ont vieillis, sont quasiment tous en couple, se réunissent et vont au devant de lourds enmerdes. Ils ont eu le temps de réfléchir à la vie le long de ces 9 tomes et vont devoir envisager la mort au sein de leur groupe.
Ici, la chute est dure et solitaire.
Alors, bien sûr, on rit souvent, mais on ressort très marqué de cette lecture. Un tome empreint de mélancolie et d'un espoir diffus. Un auteur qui ferme son carton à dessin après avoir déroulé son histoire comme on renverse une rangée de dominos, ne laissant plus personne pour amortir la chute du dernier.