Latah
6.5
Latah

BD franco-belge de Thomas Legrain (2023)

Quel est le sens de tout ceci ?

Sur le papier, Latah se présente comme une sorte de Predator, avec un groupe de GI en mission dans la jungle vietnamienne qui se retrouve confronté à une redoutable créature.

Commençons par les points forts.

Déjà, c’est une très belle BD : les dessins sont ma-gni-fi-ques, Thomas Legrain a vraiment fait un boulot incroyable de ce côté-là. Le groupe de GI est composé de 8 soldats US, qui seront rejoints peu après le début de l’histoire par un journaliste vietnamien. Ils sont plutôt bien caractérisés, on sent le melting-pot américain. Certains personnages se détachent plus que d’autres : le sergent Tyler, Clarke et Hayes (parce qu’ils n’arrêtent pas de se prendre la tête au début), Neil, Dekker ainsi que Huyn. Cela devient quand même un peu plus difficile de se repérer quand un personnage est tout d’un coup appelé par son prénom au lieu de son nom.

Au moins jusqu’à l’attaque de la créature, l'histoire fonctionne bien : on est immergé dans ce groupe et dans cette jungle, dans les objectifs de la mission. La fin, sur laquelle je reviendrai après, colle après coup très bien avec le début, où l’on ne discerne pas qu’il y a eu un petit saut temporel.

Le flashback sur l’intervention des GI dans le village vietnamien est aussi particulièrement réussi : on y voit le racisme des Américains et comment les préjugés peuvent faire déraper une situation déjà tendue. J’ai également été surpris par la mort de certains personnages, qui arrive vraiment tôt dans le récit.

Malheureusement, Latah a aussi plusieurs problèmes qui font que je ne peux pas vraiment vous recommander cette BD. À partir de maintenant il y aura pas mal de spoilers, vous êtes avertis.

D’abord, les attaques de la créature (= le Latah) ne sont quasiment jamais montrées. Comment a-t-elle pu tuer tous ces Vietcongs qui sont découverts dans une sorte de clairière ? Est-elle insensible aux balles ? Invincible ? Rien ne permet d’affirmer l’un ou l’autre, car l’histoire est trop avare sur la confrontation entre les soldats et le Latah.

On n’a pas vraiment de combat, plutôt un massacre hors-champ : les victimes sont parfois montrées en pleine forme, et la case d’après complètement amochées… Euh, il manque quelque chose entre les deux, non ? J’ai trouvé ça vraiment frustrant, parce qu’on n’a pas d'affrontement, mais plutôt des mises à mort qui sont en plus assez timides. Ce qui m’interroge le plus c’est la mort du sergent Tyler : comment le Latah a-t-il fait ? Soit il est aussi rapide que The Flash (ce qui rend l’histoire sans intérêt car les personnages n’ont aucune chance), soit il y a un problème de spatialisation.

Quand l’hécatombe commence, elle va très vite et sans avoir pu souffler on se retrouve rapidement avec deux personnages. Et c’est là qu’on rentre dans la dernière partie de l’histoire, et dans ce qui pose le plus gros problème pour moi : quel est le sens de tout ça ?

Dans tout récit, il y a un sens, un message de l’auteur. Là, s’il y a un message, c’est que le cycle recommence. Rien d’autre. Les personnages ne font que de la figuration puisqu’ils servent uniquement le récit construit autour du Latah. Et le pire dans tout ça, c’est que c’est le plus pourri parmi les membres du groupe qui s’en sort le mieux alors que le dernier personnage intéressant se laisse littéralement mourir. Vraiment, je ne peux pas adhérer à ce genre de message.

Zero70
5
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Créée

le 30 janv. 2024

Modifiée

le 30 janv. 2024

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