• Eh, l’ami !... Que cherchez-vous là ?...

  • Il paraît que Manolito a refait une des siennes…

  • Ma foi !... Camarde… Je crois que je vous connais… Par hasard… N’êtes-vous…? C’est lui !... Pas de doute, c’est Amargo !!!

  • Amargo ? Qui c’est cet Amargo ?

  • C’est un « lone-man », un homme solitaire… Il connaît le désert mieux que la paume de sa main… Et s’il a entendu ce que l’on disait, Trenton et moi. Alors il va partir chercher la fillette… Je sais qu’il est un sot sentimental !... Hum !... L’affaire tourne bien pour nous… Amargo sera de retour avec la gamine avant que les apaches ne se rendent compte de rien… Et ça sera parfait… Nous serons riches sans courir aucun risque !




« Chien blanc !... »



Amargo tome 1 : « Le Bal des vautours » est une bande dessinée éditée par Hachette que l’on doit à l’auteur espagnol Victor De La Fuente. Qui est Victor De La Fuente ? Victor De La Fuente appartient à une famille d’auteurs dessinateurs fraternels comprenant « Ramon De La Fuente », le cadet de la famille (connu pour ses adaptations en BD appartenant à la collection « Les œuvres célèbres » avec des titres comme L’île au trésor, 20 000 lieues sous les mers, Le Tour du monde en 80 jours…) ainsi que le benjamin de la fratrie « Chiqui De La Fuente » (éditeur et auteur de bande dessinée qui en 1990 bénéficia du prix de bande dessinée « Haxtur » de l’ « auteur que nous aimons » pour l’ensemble de sa carrière). En tant qu’ainé de la tribu, Victor De La Fuente s’impose comme un artiste conséquent dans le monde de la bande dessinée espagnole avec des titres comme Sunday, Mathai-Dor, Haxtur, Les Anges d’acier, Les Gringos, La Sibérienne… Maintes fois récompensés du prix Hartur dans différentes catégories, ainsi que du prix Yellow-Kid au festival de bande dessinée de Lucques, ou encore du prix du dessinateur étranger au festival d’Angoulême, il s’impose comme un artiste talentueux malheureusement oublié que j’encourage à découvrir aux amateurs de BD.


Amargo : Le Bal des vautours est le premier tome d’un diptyque écrit et dessiné par Victor De La Fuente, qui après une première introduction dans le monde du Far West en 1967 au côté de Victor Mora pour la saga « Sunday », vole de ses propres ailes en s’adonnant au genre en tant que dessinateur et scénariste. Sortie en 1975, à l’heure où Blueberry de Jean-Michel Charlier et de Jean Giraud brille déjà de mille feux depuis dix ans, l’album souffre de sa posture classique qui en comparaison n’en mène pas loin d’un point de vue scénaristique. Amargo ne brille pas pour son originalité, se contentant de suivre les grandes lignes usuelles consacrées au genre sans chercher à enflammer ou transcender la mouvance. On retrouve des chevauchées infernales dans des grands espaces sauvages, des courses-poursuites, des fusillades entre cowboys et indiens, des confrontations contre des voleurs de bétails peu scrupuleux, des chercheurs d’or... Pour autant, les aficionados du western y trouveront sans l’ombre d’un doute un réel intérêt tant subsiste des qualités indéniables à commencer par sa cadence haletante. En peu de pages, il se passe beaucoup de choses ce qui fait qu’on ne s’ennuie pas une seule seconde. Un savoir-faire rythmique pleinement divertissant qui vient compenser les limites du récit. Dès l’introduction on est confronté au massacre de la famille Travis, des éleveurs de bétail, avec la mort du chef de famille Jeremiah, ainsi que celle de sa femme Rebecca, et même du chien Wolf, par des apaches armés jusqu’aux dents. Des voleurs de bétail qui au passage en profite pour kidnapper la petite Sarah, seule survivante du carnage. Il n’en faut pas plus pour que le grand-père Mr Trenton, mette un contrat sur le sauvetage de sa petite-fille. Rentre alors en jeu Amargo !


Tout du long du périple on suit « Amargo », un cowboy solitaire mystérieux qui parle peu et dont on ignore beaucoup de choses si ce n’est que c’est un homme blanc qui enfant fut enlevé par les apaches pour être élevé par eux. Une particularité faisant de lui aux yeux des indiens et des blancs un « chien blanc ». Un conditionnement tragique l’ayant certainement conduit à devenir un défenseur de la veuve et de l’orphelin qui se contente d’aider les plus démunis sans attendre la moindre récompense. Un homme courageux qui chevauche sans réel but sa monture à travers des décors hostiles face au soleil couchant. Un héros qui se démarque surtout par son physique atypique avec sa moustache. Accompagné de Cactus, un vieux renard plutôt sympathique qui n’est pas sans rappeler Jim McClure dans une version plus sobre, il va affronter le chef des apaches Manolito accompagné de ses guerriers. Une situation qui va donner lieu à une séquence d’infiltration prenante durant laquelle Amargo s’enfonce dans le camp apache pour libérer la jeune fille. Un cheminement périlleux qui va conduire le trio à se réfugier dans les montagnes rocailleuses du désert où va se tenir un no man’s land tendu. S’ajoute une difficulté supplémentaire avec l'arrivée d'Henessy et de ses hommes : des voleurs qui veulent profiter de la confusion pour capturer la pauvre Sarah afin de récupérer la récompense. Sarah qui avec regret se pose tout du long comme une plante verte sans réelle substance. En contrepartie, Henessy et son équipe fait office d’antagonistes convaincants avec des gueules bien marquées. S’ensuit un bourbier général savamment nourri en action et en stratagèmes où chacun essaye de sortir vivant et victorieux. Un moment de lecture agréable qui sans être pharamineux garantie un spectacle divertissant grâce à une tension constante, une bonne morale, et des dessins convaincants. Une technicité au style réaliste sur une texture graphique ancienne qui fonctionne très bien et apporte un contraste nostalgique favorisant une réelle ambiance. Une atmosphère vintage avec un jeu de couleurs surannées amenant un côté vieillot qui fait plaisir. Si le trait des visages des personnages est réussi, les décors manquent de détails et de précisions ainsi que certaines mises en situation qui souffrent d'une fluidité limitée dans certaines vignettes. Malgré tout, la proposition reste tout à fait appréciable.



CONCLUSION :



Amargo tome 1 : « Le Bal des vautours » de l’auteur espagnol Victor De La Fuente, est un western divertissant qui malgré sa conduite scénaristique très classique propose un périple haletant. Accompagné d’une action constante appuyée d’une belle moralité à travers un personnage principal courageux sur lequel vient se greffer des dessins plus ou moins efficaces, cet album s’impose comme un moment de lecture appréciable.


Jamais transcendant mais toujours convaincant.




  • Retournons à Hillsboro, je vous donnerai la rançon que j’avais promise !... Vous ne vous repentirez pas de ma générosité !!!

  • Vous devez encore apprendre à être généreux avec autre chose que votre argent !... Je crois que cette petite va vous l’apprendre bientôt… J’ai vécu moi-même toutes les difficultés qu’un enfant blanc enlevé par les apaches, souffre pour s’adapter à leur forme de vie… Je ne l’oublierai jamais !... C’est pour cela que j’ai voulu récupérer votre petite fille et pas pour votre poignée de dollars… Votre argent vous pouvez le garder, Mr Trenton !... Je me sens bien payé, car à présent Sarah peut vivre comme une enfant !... J’espère seulement que votre orgueil ne ratera pas son enfance…


B_Jérémy
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le 5 janv. 2023

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