Bonne trilogie uchronique, malgré quelques détails agaçants

Troisième partie de la trilogie « Oméga », Le Crépuscule des Damnés est également le vingt-et-unième tome de la bande dessinée uchronique Jour J, scénarisée par Jean-Pierre Pécau et Fred Duval, avec une fois de plus Maza au dessin.


Au cours de ce volume, Léo Bergier, officiant dans les escadrilles de chasse de la France libre, assiste à l’effondrement de la France fasciste de Oméga. Car en plus des Anglo-américains (aidé des Français libres), l’URSS entre dans la danse et déboule bientôt sur le Rhin. Mais Léo a autre chose à l’esprit: sa vengeance contre le commissaire Lafont.


Mais cette intrigue est un peu un alibi pour montrer les vicissitudes de la défaite pour les fascistes d’Oméga, qui s’entre-déchirent sur les routes de l’exode, pendant que des républicains de plus ou moins longue date tentent de sauver ce qui peut encore l’être dans un pays menacé à la fois par Staline et par des alliés américains qui ne leur veulent pas que du bien.


Cela dit, l’ensemble est plaisant. L’amateur de prototypes absurdes qui sommeille en moi apprécie particulièrement la présence du Focke-Wulf Ta-283 aux couleurs françaises, rebaptisé « Ouragan » mais avec les mêmes soucis de fiabilité que les moteurs à réaction de l’époque.


Par contre, la mention de la Synarchie me dérange et me laisse un goût bizarre dans la bouche. Si elle est mentionnée en passant dans les deux premiers tomes, elle apparaît ici en plein. Mais que cette fausse société secrète, inventée par un mystificateur de la Belle époque, a été massivement utilisée par l’extrême-droite française dans les années 1940.


J’avais justement entendu parler de la Synarchie il y a peu, dans une chronique de mes confrères de chez Hugin & Munin, et je dois avouer que cette apparition très « premier degré » me gêne beaucoup et en vient à gâcher la lecture.


Il y a aussi quelques incohérences, comme la mention d’un « président Pétain » exécuté lors de la prise du Sénat, alors que les funérailles du maréchal Pétain ont été un des événements marquants du précédent tome. Ou la partition de l’Allemagne entre Pologne, Autriche et Italie, qui disparaît plus tard.


Ceci mis à part, j’ai trouvé cette trilogie de bon niveau: le format long convient plutôt bien aux uchronies de Jour J et permettent de développer quelque chose de plus complet. Comme souvent dans la série, les uchronies pourraient être mieux maîtrisées, mais le média et ses exigences rendent l’exercice difficile: avoir un contexte solide et une intrigue intéressante.


Dans cette optique, Le Crépuscule des Damnés et, dans l’ensemble, la trilogie « Oméga » représentent le haut du panier dans cette collection et une excellente inspiration pour un contexte « années 1930-1940 » alternatif.

SGallay
7
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le 22 sept. 2015

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