Image d'archive et fiction surréaliste

Comme expliqué par les auteurs à la fin de l'album, l'idée du scénario est basée sur une photo totalement démentielle d'enfants soldats thaïlandais.
Et notamment 2 frères jumeaux, Johnny et Luther, âgés d'à peine 12 ans et ayant le regard d'un adulte d'une cinquantaine d'année.

Si il y a une chose qui est certaine, c'est qu'avec sa couverture jaune , l'album se distingue par rapport à la masse.
Il faut dire qu'au dessin, on retrouve l'excellent Asaf Hanuka dont on a pu admiré ( dans un tout autre genre ) son travail dans les 2 volumes de "KO à Tel Haviv".
Simple et efficace, son trait est soutenu par les couleurs indissociables de Tomer Hanuka qui participent indéniablement à donner une réelle ambiance à l'ensemble.

Pour l'histoire, par contre, je m'attendais totalement à autre chose.
Je ne vais pas raconter ma vie mais c'est après une discussion chez mon pote libraire (on a parlé de beaucoup de choses et notamment du mélange réalité/fiction du Labyrinthe de Pan) que celui-ci m'a donné envie d'acheter cet album (alors qu'il ne faisait pas partie de ma liste des "élus" que je fais chaque mois ;)
Avec un tel pitch, je m'attendais à une vrai combinaison entre critique de la guerre (enfants soldats et tout le toutim) et fantastique vendu dès la première scène de l'album.
Alors qu'au final, l'intrigue reste somme tout basique et les réflexions un peu plus limitées.

En effet, les jumeaux soldats apparaissent assez tardivement dans l'histoire et tout la mise en place est consacré à Mark et Jason , ces 2 occidentaux qui vont se retrouver en mission à Quanlom et c'est donc du point de vue de Mark (le gentil héros) qu'on va suivre cette histoire.
C'est pour moi, le point litigieux de l'histoire. ça donne un côté un peu lisse et gentil à l'intrigue alors qu'on aurait aimé avoir quelque chose de plus cynique et amer.
Car au final, on parle toujours d'enfants soldats, c'est à dire d'enfants qui ne connaîtront jamais la douceur d'une enfance et qui dès leur premiers pas ont du apprendre à se battre pour survivre.
Du coup, il est bien dommage que le point de vue de ces gosses, bah on l'a que trop rarement.

Alors attention, je peux paraître critique et donc contradictoire par rapport à ma note (plutôt bonne) et d'une certaine façon , je le suis.
Mais je le suis par rapport à mes attentes ( sans doute un peu faussée ) alors que l'album possède d'indéniable qualité.
Toute la partie fantastique est passionnante et parfaitement mise en valeur. Le côté magie et mysticisme donne de l'originalité à l'histoire et les auteurs ont réussi à retranscrire tout le mystère de cette photo dans les vignettes de leur bande dessinée (les jumeaux en sont le parfait exemple).

En conclusion, le divin est un album qui sort de la masse mais qui ne réussi pas totalement à investir son sujet.
Au final, c'est la partie fantastique qui l'emporte très vite sur le réalisme et si l'ensemble fonctionne franchement bien , on regrette que les auteurs aient un peu délaissés la partie réflexion /critique pour seulement se concentrer sur le mystère induit par la photo des "jumeaux soldats".