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C’est dans l’air du temps, depuis quelques années, les drones ont fait leur apparition dans nos vies mais aussi dans la fiction (en témoignent le dernier film d’Andrew Niccol, Good Kill, ou le récent album de Muse). Du gadget télécommandé à l’appareil photo de haut-vol en passant, inévitablement, par l’arme précision guerrière, les drones n’ont pas fini de faire parler d’eux. Et dans 20 ans, qu’en sera-t-il? Sylvain Runberg (scénariste émérite de l’adaptation de Millenium en BD) et Louis, accompagnés de Daviet aux couleurs, ont fait le voyage dans le temps pour vous. C’est loin d’être réjouissant pour notre avenir mais ça donne en tout cas une aventure riche en palpitantes promesses.


Nous sommes en 2037. La situation a dégénéré, les forces armées européennes sont sur les dents: une guérilla lourdement armée venue de Chine s’en prend aux positions stratégiques européennes mais également les places économiques. À la tête de ses rebelles catholiques et autonomistes, une seule femme charismatique semble diriger les opérations: Yun Shao, l’ennemie publique numéro 1. Dans un centre militaire du Danemark, la tension monte aussi. À des milles des champs de bataille du Qinghai, c’est en effet depuis cet endroit que trois talentueux pilotes, Jewel, Louise et Sam contrôlent respectivement Hadès, Vulcain et Wotan qui sont des… drones.


Ainsi, plus besoin de perdre des hommes en zone de guerre, et alors que les insurgés se répandent en prières devant une gigantesquee madone, désormais l’Europe fait foi d’ennemis de l’air, méchamment équipés et quasi invulnérables pour faire la guerre en Chine. Les deux camps s’affrontent, bec et ongles, vies contres morts, mais de manière disproportionnée. Mais très vite des questions se posent, autant autour de la fusion qui semble réunir les pilotes à leur bras armés que de la possibilité d’assassiner des dizaines d’hommes en un quart de seconde sans ressentir la moindre émotion, comme si ce n’étaient que de vulgaires méchants d’un inoffensif jeu vidéo.


Batailles enflammées, guet-apens et visite de Xining, la nuit. Pas de doute, ce premier tome, Le feu d’Hadès, augure une série aussi chouette dans son déroulé qu’intéressante au niveau des questions et du fond qu’elle pose. Runberg parvient sur le thème foisonnant des drones (dont on est bien en mal de savoir à quoi ils mèneront dans quelques années) à bâtir une série au départ solide et dont les trois personnages principaux sont des héros bien ambigus. On est d’ailleurs bien en mal de choisir notre camp, ce qui ne fait que nous impliquer encore plus dans cette série et ses interrogations. Côté décor, les deux auteurs sont parvenus à imaginer un futur – grande qualité de cet album – qui ne fait pas tache, dans lequel le lecteur, non seulement, ne se perd pas pour cause de trop de fioritures mais y croit tout en pouvant se demander ce qu’il a bien pu se passer durant cet ellipse de 22 ans. Qui sait ce que nous apprendrons dans le prochain tome?


Louis, pour sa part, possède un style qui s’accorde parfaitement avec le récit de Sylvain Runberg. Un peu manga, un peu comics, un peu franco-belge, le dessinateur de Tessa, agent intergalactique, donne une réelle cohésion et une identité à Drones. Par son trait vif et sexy, Louis parvient également à insuffler de la vitesse aux scènes de combats dantesques et explosives auxquelles participent aussi, amplement, les couleurs de Véra Daviet. Bref, complètement divertissante mais proposant des enjeux contemporains et une multitude de pistes qu’on espère bien voir se développer dans le prochain épisode de ce diptyque annoncé (et sa suite?), Drones pose les bases d’un récit intéressant en tout point.

Alexis_Seny
8
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le 21 oct. 2015

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Alexis Seny

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