Après avoir lu et fortement apprécié mon premier Dumontheuil, Qui a tué l'idiot ?, j'ai forcément voulu me plonger un peu plus dans son univers. Par chance, je m'étais procuré Le Meunier Hurlant en même temps que la première bande dessinée susmentionnée. Première chose à savoir, Le Meunier Hurlant est une adaptation, plus précisément l'adaptation du roman éponyme, d'Arto Paasilinna, publié en 1981. Il s'agit aussi de la seconde adaptation de Dumontheuil : la première étant La Forêt des renards pendus, elle aussi adaptée d'un roman de Paasilinna.

Sans trop de surprise, je n'ai pas lu le bouquin original (le côté antichristianiste serait plus présent, paraît-il), mais fort heureusement, la BD se suffit à elle-même : pas de trou dans l'intrigue ni d'éléments incompréhensibles. Bref, autant je ne peux point révéler s'il s'agit d'une adaptation bête et méchante, autant une première conclusion s'impose déjà : c'est une œuvre qui se suffit à elle-même.


Pratiquement 30 ans séparant Qui a tué l'idiot ? de la BD dont il est question ici, je m'interrogeais sur les évolutions possibles, qu'elles soient graphiques ou au niveau du ton. En l'état, bien qu'il y ait de nombreuses différences entre les deux œuvres, j'ai reconnu la patte de l'auteur : le trait est le même, l'amour de l'auteur pour ces coins reculés et ces personnages atypiques (et expressifs) est encore présent, et il n'y a pas de véritable héros, du moins comme on l'entend généralement. Au niveau des couleurs par contre, on dérive sur du sépia, quelque chose de monochromatique : un style qui sied parfaitement à la Laponie Finlandaise, le lieu dans lequel l'intrigue prend place. Quoi que, peut-être que je me fourvoie et peut-être que la Laponie est plus chaude qu'il n'y paraît, mais autant le style gris et froid va de pair avec l'idée que je me fais de cette même Laponie, autant les personnages du récit ne paraissent pas être tant gênés que ça par la neige et les glaçons… c'est donc ça la puissance des Nordiens ?

Au niveau du ton, si l'humour se fait moins présent que dans Qui a tué l'idiot ?, il reste néanmoins présent dans Le Meunier Hurlant, le sujet principal prêtant, de toute façon, moins à rire. En effet, le personnage principal, Agnar "Nanar" Huttunen est simplement surnommé… le fou. Et autant je trouve ce terme un poil réducteur, autant son impulsivité, le fait qu'il se mette torse nu alors qu'il semble faire un froid de canard avant de pousser des cris chelous, et surtout, le fait qu'il passe la nuit à crier au loup, laissent clairement transparaître un personnage bipolaire, tout du moins atteint d'un trouble de l'humeur (m'enfin, je dis ça, je ne suis pas psychiatre après tout).

Malheureusement, la structure du récit « souffre » de l'état de son personnage. Par là, il faut comprendre, l'histoire étant plutôt prévisible et la première partie ne tournant pratiquement qu'autour du fait que le personnage principal soit « fou », que le premier tiers du tome n'est pas des plus intéressants. Pour le dire autrement, il faut attendre l'arrivée d'Agnar dans l'asile pour que le récit commence « enfin ». Une fois arrivé dans l'asile donc, le récit gagne en puissance, et bien que l'humour ne soit jamais délaissé, le côté dramatique de l'œuvre gagne en importance et les violences psychiatriques, quoiqu'un poil cliché (on est dans les années '50 pour rappel), font leurs apparitions. Le responsable de la clinique lui diagnostique immédiatement une psychose de guerre, sans guère l'avoir consulté justement ; le personnel de la clinique répond à ses hurlements par des coups et de la contention physique… bref, à peine fait-il irruption dans ce nouveau lieu que notre fou parait immédiatement moins fou, qu'on est pris de compassion et de pitié pour lui. En fait, le seul personnage pour lequel on se pose des questions est Happola, ses réactions nous laissant toujours un certain doute sur sa santé mentale.

Sans trop de surprise, une fois échappé de l'asile, le rapport s'inverse encore une fois, et les personnages du village paraissent bien plus fous qu'Agnar. Notamment le maire et les autorités, par leur absolutisme, qui n'hésitent pas à user de la violence, y compris contre d'autres personnages que Agnar, afin d'arriver à leur fin… la tenue des soldats finlandais n'étant finalement pas tant hors propos que ça…


Si le récit ne surprend pas par son originalité, mis à part concernant deux passages bien précis et situés à la fin du récit (et que je ne divulgâcherais pas ici), cela n'empêche que Le Meunier Hurlant reste une œuvre bien écrite, bien dessinée. Une bonne lecture quoi.

Mais ma préférence va tout de même à Qui a tué l'idiot ?, dommage.

MacCAM
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le 19 avr. 2024

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