La citation qui résume sans doute le mieux ce premier volume. La perte de contrôle.
Batman ne fait plus confiance à ses coéquipiers de la Ligue de Justice depuis que ces derniers ont pris la décision d'altérer son esprit et celui de nombreux super-vilains. Il crée donc un dispositif de surveillance global : l'Oeil, un satellite capable d'épier les faits et gestes de ses ex-collègues à tout moment. Mais voilà tout ne se passe pas comme prévu. Batman perd le contrôle de son satellite, l'Oeil est désormais entre les mains d'un personnage désireux de se débarrasser de la menace que représente à ses yeux les méta-humains sur Terre.
Le récit démarre avec l'excellent Countdown to Infinite Crisis, selon moi le gros point fort de ce tome, 70 pages mettant en scène une enquête haletante mené par Blue Beetle, un super-héros de second rang considéré comme un has-been par ses confrères. Le tour de force de cet épisode réside tout d'abord dans la fluidité de la narration. On ne s'ennuie pas une seconde, l'immersion est immédiate. Mais c'est principalement l'écriture très juste du personnage de Blue Beetle qui fait le charme de ce prologue. Les monologues intérieurs du protagoniste laissent entrevoir un homme déterminé, courageux mais aussi désappointé, en proie au doute, qui se sent comme un insecte qui rampe aux côtés de légendes et de demi-dieux qui l'entoure, des forces et des faiblesses qui le rendent profondément humain et suscite l'empathie.
Seul bémol : l'absence d'unité graphique, j'aurais apprécié qu'un seul et même dessinateur soit en charge de réaliser l'épisode.
Viennent ensuite les épisodes de la mini-série The OMAC Project #1-6, écrits par Greg Rucka.
Après l'excellent Countdown, on arrive un cran hélas en dessus en terme de qualité. Le plus gros défaut de la série réside dans la personnalité monolithique du protagoniste : Sasha Bordeaux, un ancien love interest du chevalier noir devenue une espionne pour le compte de l'organisation internationale Checkmate. Rucka n'arrive pas à rendre Sasha intéressante, on a du mal à se sentir concerné par son conflit interne relatif à sa mission d'infiltration, il en va de même pour sa perte de contrôle progressive de son esprit et de son corps qui au terme de la mini-série.
Les passages les plus mémorables en définitive sont les scènes où l'on observe, à l'instar de l'Oeil, les frasques du Roi Noir qui exécute méthodiquement son plan. Les interventions de Batman, de Wonder Woman et des ex-membres de la Justice League International (Guy Gardner, Booster Gold) et anciens partenaires de Blue Beetle en quête de réponses apportent aussi un peu plus de saveur à ce récit qui aurait sans doute gagné à utiliser un personnage plus connu ou ayant un traitement psychologique plus abouti. Les cases sont souvent gâchées par les séries de chiffres et de lettres qui constituent les "pensées" informatique de l'Oeil.
Enfin, l'arc Sacrifice qui met en vedette Superman et Wonder Woman est également de bonne facture dans l'ensemble. La manipulation mentale que subit Superman est une belle occasion pour les auteurs de se libérer de certaines contraintes scénaristiques liées à la continuité et de proposer des scènes violentes et tragiques sans que tout cela n'ait de réelles répercutions. Je trouve personnellement que le subterfuge fonctionne plutôt bien (même si cela a été maintes fois utilisé) notamment la première fois sur le premier chapitre écrit par Verheiden. La partie graphique sur les deux derniers chapitres narrés par Greg Rucka est hélas plus faible (voir assez laide) en comparaison du premier chapitre, les dessins de Byrne sur le second sont plus aussi bons qu'à l'époque. Néanmoins les scènes de combats sont plaisantes à suivre, et le climax de Sacrifice est assez mémorable.

Fakin
7
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le 29 déc. 2020

Critique lue 70 fois

Fakin

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