Hergé nous mène en bateau
Une fois n'est pas coutume, Tintin s'embarque de nouveau dans des aventures rocambolesques mais cette fois-ci sans bouger ! Du moins sans quitter son pays natal. C'est en grande partie en cela que réside la force de cet album : réussir à nous faire voyager sans quitter la Belgique.
Pour ce faire, Hergé use d'un habile scénario sous forme de chasse au trésor et fait le parallèle entre Archibald Haddock et son ancêtre corsaire ayant vécu au temps de la piraterie de Rackham le Rouge. Les traits du capitaine et de son ancêtre étant parfaitement identiques, difficile d'être totalement convaincu que ce n'est pas Haddock attifé différemment, tant leur caractère semble mimétique (surtout à propos de l'alcool). Véritable histoire dans l'histoire, celle-ci semble d'autant plus authentique qu'elle est essentielle à l'avancement de la première.
Ce qui vaut pour Haddock vaut également pour les Dupond et Dupont (ou plutôt les bouffons et bouffons...) qui mènent parallèlement une enquête sur des vols de portefeuilles et ne font qu'être menés par le bout du nez par un gentil méchant collectionneur cleptomane. Encore une fois les deux compères seront indispensables à la progression de l'histoire, bien que totalement inutiles et ridiculisés par un auteur qui semble vouloir nous faire passer un message (la police n'est qu'un ramassis de crétins stériles ?). Mais ils sont nécessaires en tant que ressort comique et en tant que tel, ils n'ont jamais été aussi bons.
Le secret de la Licorne c'est donc l'histoire bateau d'une chasse au trésor qui fait tourner en bourrique les lecteurs alors que la réponse à l'énigme est sous leurs yeux depuis le début ; ajouté à cela moult péripéties qui s'emboîtent pour avoir un des meilleurs album de notre reporter sans frontières.
Le trésor de Rackham le Rouge n'attend que moi !