Après un premier volume des Dossiers de Hellblazer, Mauvais Sang, qui m’avais assez enchanté, rien que par les dessins de Sean Murphy déjà. Urban Comics apporte, enfin, un deuxième tome à cette collection, un an et demi plus tard !. Avec Pandémonium de Jamie Delano et Jock.

Quand John Constantine croise le regard envoûtant d’Aseera, il ignore encore que cette rencontre le mènera de ses chères rues de Londres aux terribles champs de batailles iraquiens. Alors qu’une bombe explose au British Museum, les services secrets de sa Majesté font appel à ses talents pour interroger un de leurs suspects, peu enclin à coopérer…
Un homme dangereux et impénétrable, qui tour à tour plonge ses interrogateurs dans une souffrance psychologique proche de la démence. John Constantine subira-t-il le même sort ? (contient les épisodes Hellblazer : Pandemonium + Hellblazer #181)

Après lecture, il m’a été difficile de me dire si j’ai aimé ou non ce récit. Autant j’ai aimé le scénario, autant des choses m’ont déplu. Autant les dessins sont adaptés, autant certaines cases me révulsent.
Les dessins un peu saccadés voir brutes de décoffrage de Jock collent parfaitement à l’ambiance très lourde du conflit dans lequel prend cœur le récit. Les visages sont marqués, ils sont carrés, très durs, sans doute à cause du poids du conflit. On ressent les émotions sur les visages, comme lors de la partie de Poker, ou quand Constantine doute. Cependant cela donne une impression de brouillon par moment, surtout chez Constantine et sa coupe de cheveux… C’est très sombre, très oppressant, on transpire avec les personnages. Petit bémol également sur les démons, ils n’ont vraiment rien d’effrayant, c’est dommage.
Au niveau des couleurs, c’est un peu déroutant, c’est très sombre, très pastel, et ce sont plus les cases qui imposent une ambiance colorée qu’autre chose. Rouge avec les démons, jaune dans le désert… C’est particulier, on se retrouve par moment avec des cases ne donnant l’impression de n’offrir qu’une couleur tellement elle prédomine tout.
Une bonne représentation de la violence également.

Le récit nous montre un Constantine habilement piégé par le gouvernement anglais afin de le forcer à se rendre en Irak. Idée de base intéressante. On se retrouve en plus avec un Constantine verbalement agressif voir violent, je m’en foutiste, mauvais, sans barrière dans ses actions.
Une fois sur place pour l’interrogatoire, on a l’impression que la trame principale change, tout est mis de côté et l’histoire se résume à une partie de poker entre Constantine et divers démons, où l’argent est remplacé par des âmes. Alors oui, l’idée est sympa, on surfe sur le phénomène poker du moment et on l’incorpore à l’histoire. Mais au final on retient quoi ? Cela apporte quoi ? Pas grand-chose. Constantine se tape une nouvelle nana (j’avoue que les scènes avec Aseera sont propices à d’excellentes phases de dialogues et de bons moments) mais elle disparaît aussitôt, le grand méchant démon s’écrase sur une partie de poker et Constantine joue la partie pour Ishtar, sorte de déesse qui arrive aussi vite qu’elle ne repart…
J’ai cependant trouvé mon intérêt sur autre chose que l’histoire au final. C’est l’aspect historique et culturel qui m’a parlé. Jamie Delano utilise son récit pour pointer du doigt les agissements des gouvernements des pays « civilisés » dans les horreurs qui se sont abattus sur l’Irak. Ces gens soit disant intelligents qui agissaient sur la vie des Iraquiens comme s’ils n’étaient que des personnages de jeux vidéo, jouant avec leur vie comme s’ils n’étaient pas réels, se foutant des conséquences. Ben oui, cela se passe si loin de chez eux, pourquoi se soucier des répercussions ! Au final, plus que les démons, ce sont les politiciens véreux qui manipulent Constantine qui passent pour les véritables méchants de l’histoire ?
Ce qui en ressort également, c’est Constantine. Le personnage est badass à souhait. Le type n’en fait qu’à sa tête, il a sa morale, sa façon d’agir et merde à ceux que ça ne plaît pas. Bien idiot est celui qui pense pouvoir le manipuler sans avoir les moindres représailles.

On a le droit en fin de volume à l’épisode 181 de la série. De Mike Carey et Jock. Je n’en vois pas l’utilité. Il n’a rien à voir avec Pandémonium, les dessins de Jock sont beaucoup plus classique, moins oppressants, moins trashs. L’histoire avec ce contrat sur l’âme de Constantine, se laisse lire mais semble sortir de nulle part pour le coup…

Bref, comme je l’ai dis, je n’arrive pas à me décider sur cet ouvrage, sans doute car au final la mayo n’a pas pris, et pourtant il y a des choses que j’ai aimé comme Constantine, l’Irak en fond ou encore Azeera, mais l’histoire s’avère bancale tout au long de notre lecture, et on a souvent l’impression que la dénonciation que Delano fait durant son récit dépasse au final son histoire. Il n’y a qu’à lire le final pour comprendre que ce pointage du doigt est en fait la réelle trame principale. Dommage dans ce cas là de nous pondre cette histoire de poker avec des démons…
Romain_Bouvet
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le 12 janv. 2014

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Romain Bouvet

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