Cet album marque la première apparition de ce héros dans le journal Tintin en 1967. Avec Greg au scénario, Luc Orient sera une des premières BD de science-fiction dans Tintin à cette époque ; est-ce pour cette raison, pour ce côté un peu pionnier et inaugural que la bande sera quelque peu boudée par les aficionados du genre, qui lui préfèreront Valérian née à peu près à la même époque ? C'est possible.
Il y a sûrement d'autres raisons à cela, mais je crois que Greg n'était pas aussi doué dans ce domaine de la SF qu'il ne l'était pour l'aventure du style Bernard Prince ou le western avec Comanche, c'était pas trop son truc. Néanmoins, dans ce premier épisode, il s'en sort bien ; d'abord parce que le récit est un mélange d'aventure de jungle, d'orientalisme, de mystère et de pierres extraterrestres. Ensuite, parce que cet épisode est le premier segment d'un cycle qui va regrouper 5 albums, où l'action se déroulera sur la planète Terango.
Pourtant, ce qui va différencier Luc Orient de ses concurrentes, c'est qu'elle flirtera plus avec la science-fiction qu'elle ne plongera dedans, Orient et ses amis s'occupant plutôt de résoudre des mystères scientifiques, ils n'iront que rarement dans l'espace, se contentant de rester sur Terre, et ça commence justement ici avec ces pierres mystérieuses. Orient y rencontre aussi Toba, un Indien qui devient son ami, puis qui sera un soutien précieux dans l'action et qui lui apportera une aide spirituelle par sa sagesse orientale.
Les éléments sont donc en place, Orient s'impose en héros beau gosse et athlétique tout à fait dans l'archétype des personnages des BD de l'époque ; le reste est assez caricatural, mais les personnages sont attachants de même qu'il faut recontextualiser car cette BD a été réalisée à une époque où les héros étaient ainsi, formatés et souvent intouchables, il n'y a qu'à voir Tintin, Brazil, Michel Vaillant, Tanguy et Laverdure, Rahan... tous ces héros réalistes étaient parfaits, c'était comme ça, mais justement avec Greg, ça va changer, on va le constater dans ses autres bandes comme Bruno Brazil, Bernard Prince ou Comanche, il va peu à peu dans les années 70, fissurer l'image bien propre des héros d'aventure, ça sera même un choc parfois, car il n'hésitera pas à tuer des personnages que le public aime.
Côté dessin, Eddy Paape est déja rôdé, son dessin est maîtrisé (il venait de livrer de nombreux récits complets pour le journal Tintin depuis 1965, c'était un bon apprentissage). La colorisation est d'époque, elle étonne souvent les nouvelles générations, mais elle a son charme, en tout cas moi je m'en contente et ça ne me dérange pas, j'ai grandi avec. Un bon album dans l'ensemble qui jette les bases d'une saga intéressante en faisant démarrer le récit dans un décor exotique et assez rationnel, mais qui va dévier ensuite vers des mondes plus étranges.

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le 12 déc. 2020

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Ugly

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