Moins une bande dessinée qu’un récit de voyage mêlant quelques textes à pas mal d’aquarelles, ce carnet réalisé à quatre mains – où à deux, enfin on se comprend – à l’occasion d’une résidence d’artistes à Tchernobyl (!) vingt-deux ans après la catastrophe se laisse lire. Non pas qu’il évite les poncifs (« Est-ce notre chemin que de vouloir approcher la mort pour se sentir vivant ? », ouais…), mais il a le mérite de donner un visage – visages humains dans le dernier tiers – à une zone sur la carte.
Même il ne manquait sans doute pas grand-chose à ces Fleurs contaminées pour passer du statut d’ouvrage sympathique à celui de très bon livre de reportage. Un peu d’ambition, peut-être : les textes sont réduits à la portion congrue, redoublant les images sans explorer réellement ni le langage, ni le réel. (Seule la courte préface de Pascal Rueff propose par moments quelque chose.) Ou alors un peu plus d’épaisseur : quatre pages de maisons en ruines, c’est bien, mais cinquante pages avec autre chose que des maisons en ruines, ou même cinquante pages de maisons en ruines, c’eût été mieux. Ou encore un point de vue personnel, voire intime, quelque chose d’un peu plus audacieux artistiquement. Parce que par moments, on a l’impression de lire le compte rendu d’une randonnée d’un week-end dans le Mercantour – manquent les orchidées en gros plan et les traces de bouquetins.
Pour le reste, on relèvera pour rire cette propension des Bretons à mettre de la Bretagne partout, à l’image de cette carte d’Europe où les noms de Stokholm et Athène (sic et sic) sont mal orthographiés, mais où figure Saint-Brieuc.

Alcofribas
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le 16 juin 2017

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