Valérian contre les mauvais rêves était le titre de cette première aventure parue dans les pages du journal Pilote, fin 1967 et début 1968. Ce n'est que bien plus tard que Laureline fut logiquement adjointe au titre de la série, alors qu'elle est présente dès cette aventure, où elle joue déjà un rôle important, même si Valérian la rencontre par hasard (elle lui sauve la vie, quand même).


J'aime beaucoup cet album, que j'ai découvert bien après les autres, justement parce qu'il présente la rencontre entre nos deux héros, mais surtout parce que le récit est bien mené et qu'il expose très bien le travail de Valérian qui vit à une époque inquiétante. Car il y a deux dimensions différentes dans cet album : une aventure qui se passe au XI ème siècle, et la description de ce qu'est Galaxity au XXVIII ème siècle, en 2720 pour être précis (pour ceux qui ne savent pas, Valérian voyage dans le temps).


Commençons par l'aventure : Valérian, agent spatio-temporel, se doit de rattraper l'immonde Xombul, qui est parti au Moyen-âge rechercher d'un manuscrit de sorcellerie dont les formules magiques pourraient lui permettre de devenir le maître du monde, rien que ça. La course poursuite est bien menée, passant par les bois ensorcelés d'Arelaune, le marais dormeur puis le château d'Albéric le vieil. L'aventure est classique mais elle tourne bien.


Mais ce que j'ai le plus apprécié, même si on aurait pu espérer en apprendre davantage, c'est la description dystopique du monde de 2720, où la plupart des Terriens n'a plus besoin de travailler du fait de la maîtrise de la télétransportation instantanée de la matière dans l'espace et le temps. Les humains se consacrent alors aux "plaisirs du rêve". Il ne font d'ailleurs que dormir et "rêver" éveillés, et c'est justement des problèmes dans la programmation de l'ordinateur central qui les produit qui les rend malheureux, car ils vivent dans une réalité complètement virtuelle... Les roses au parfum divin se transformant par exemple en plantes carnivores. Ce ne sont que des rêves, mais quand ils virent au cauchemar, c'est désagréable, vous en conviendrez. Les humains vivent ainsi dans une bulle, pour leur plus grand bien. Et si ça ne va pas, il prennent des bulles calmantes, sorte d'anti-dépresseurs. Il ne s'agit pas ici de contrôler la population, ce n'est pas un régime totalitaire, mais c'est quand même un monde inquiétant, même s'il ressemble un peu au nôtre par certains aspects...


Bref, un excellent album fondateur. Evidemment, le style graphique, notamment pour le dessin des personnages principaux, évoluera avec le temps, mais cet album est maîtrisé, le scénario est excellent, l'humour est bien présent, la trame bien installée, et l'engagement des auteurs qu'on retrouvera par la suite largement perceptible. On aurait tort d'ignorer cet excellent album.

socrate
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le 30 déc. 2018

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socrate

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