In space someone can hear you scream

Création originale des éditions Ki-oon, Léviathan (et ses pages aux extrémités noires) permet à Shiro Kuroi de signer son premier manga au long cours en France, avant d’être (pré)publié au Japon. Au programme des festivités, un voyage scolaire qui tourne mal pour des collégiens et des enseignants rapidement dépassés. On repère une première influence : L’école emportée, qui sera suivie, consciemment ou non, par plusieurs autres (Battle Royale, Les Fleurs du Mal, Otomo, Alien…).

Nous sommes dans un futur indéterminé où les voyages spatiaux sont la norme et les colonies spatiales nécessaires pour exploiter les ressources requises par la Terre et ses habitants. Se rendant sur la planète (encore ?) bleue, le vaisseau subit une sévère avarie. Les secours étant loin, la survie de tous n’est pas garantie et des tensions vont se faire jour. Nous découvrons ce qui se passe indirectement, à travers un journal de bord tenu par un collégien et lu par un « pilleur d’épave » qui, des années après ces événements, tombe sur le vaisseau à la dérive. Avec deux autres complices ils pénètrent dans l’épave pour mettre la main sur des trésors. L’appât du gain n’a pas de frontière.

Pour résumer mes impressions je dirais que certaines incohérences du début trouvent leur explication dans la suite, ce qui m’a rassuré. J’ai été un peu déçu que deux hypothèses de départ se soient avérées être quasiment vérifiées (j’espérais quelque chose d’un peu trop tordu sans doute), ce qui enlève assez vite au récit une part de son mystère. Dommage aussi que l’entretien avec l’auteur apporte peu de nouveautés par rapport à celui disponible dans le Ki-oon mag n°3. Je regrette enfin que l’évocation de Hobbes soit trop générale.

Le rendu graphique m’a accroché même s’il est ponctuellement inégal. En même temps il s’agit d’une première, et l’auteur a tout fait seul. J’ai surtout été marqué par les planches de début de chapitre, qui en mettent plein les yeux quand d’autres lorgnent vers Katsuhiro Otomo voire Shintaro Kago.

Shiro Kuroi signe ainsi des débuts prometteurs même s'ils ne sont pas exempts de certains défauts. Je suis en tout cas curieux de savoir quelles améliorations seront à l'oeuvre dans sa prochaine série.