Thorgal est une série dont la créativité de ses auteurs et l'étalement sur la durée (plus de 20 ans!) a permis son renouvellement au sein de multiples styles : aventure, épique, Science-Fiction, fantasy, mais aussi western, épouvante, mythologie.

A l'aboutissement du cycle de Qâ, nous avons donc le retour du héros au pays natal avec sa sempiternelle quête de la tranquillité, et l'aspiration au bonheur simple d'une vie de famille sans écueil.
Rosinski et Van Hamme nous livrent ici un point d'orgue dans cet long cycle qui s'achève, et l'occasion de découvrir un récit haletant sous le style du thriller.

Paru en 1990, c'est le deuxième album qui ne paraît pas, comme à son habitude, en prépublication dans le journal tintin, celui-ci s'étant arrêté en 1988. N'ayant plus la contrainte d'être destiné à "tous les publics", les auteurs peuvent se permettre plus de liberté, notamment vis-à-vis de la violence et la nudité. Liberté dont ils n'abuseront pas, refusant la facilité du tape-à-l'œil et orientant, comme d'habitude, leur travail sur la qualité et la force du récit. Des mots de Rosinski, "C'est l'un de mes albums préférés car là, graphiquement, j'étais bien. Javais essayé des choses que je n'avais pas encore utilisées auparavant. Je suis toujours en quête de quelque chose [...]"

Rarement un album n'a réussit à me secouer autant. Une force narrative et un dépouillement du dessin, l'histoire réussit, en respectant l'unité de lieu et presque de temps, à échafauder une intrigue riche où, comme dit l'autre, tout aurait été plus simple avec un téléphone portable. L'intrigue, relativement simple, trouve sa force dans son rythme, où un timing précis né du cerveau de génie de Van Hamme permet une suite d'évènements dont la concordance et l'acmé se situent au sommet d'une falaise au bord de la mer. Notre héros, acculé, y joue la vie de son fils tandis que sa femme donne naissance à sa fille en même temps qu'une louve !

On l'a bien compris, nul besoin ici d'artifice, de pyrotechnie, de technologie, de magie ou de gore. Les auteurs parviennent avec des éléments historiques UNIQUEMENT à mener une intrigue courte dont l'intensité a rarement été égalée à mes yeux. Et encore les loulous, je l'ai lu sur l'édition d'origine, en petit, noir et blanc.
Le personnage de Thorgal fait une fois plus preuve d'une droiture et d'un courage à l'image de la légende chevaleresque du héros. Refusant les combats inutiles et les plaisirs faciles, sa sagesse et son agilité lui fera faire systématiquement les bons choix dans les situations les plus difficiles. Le récit arrive même à inclure quelques émotions, sans tomber dans la mièvrerie.

Je ne saurai assez conseiller ce chef-d'œuvre, et si l'on ne devait en retenir qu'un parmi toute la série, cela serait à mon sens celui-ci.
crash
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le 27 janv. 2011

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