En 2017, comme chaque année, est sorti un nouveau tome de la série "Les Profs" qui fête déjà ces vingt ans d'existence. Mais contrairement aux années précédentes, le tome 20 de la série "Lycée Boulard" n'est pas composé de petites scénettes à la manière d'une sitcom comme l'on put être les autres tomes de la série, mais une histoire complète s'étendant sur toutes les pages de la BD.


Le titre de ce nouveau tome "Lycée Boulard" s’annonçait centré autour du personnage de Thierry Boulard, le cancre sans âge tellement populaire qu'il a eu droit à son propre "spin-off", une nouvelle et qui a été interprété au cinéma par Kev Adams. Et si ce titre aurait pu donner une histoire sympa s'étendant sur deux ou trois pages (comme les plus grosses scénettes de la série) où Boulard rêverait qu'il ait un lycée à son nom, il a finalement donné une histoire s'étendant sur 46 pages et qui fait, selon moi, ce tome 20 le plus mauvais de la série.
Car si par le passé, la série n'avait pas toujours eu des histoires inspirées et s'était planté à certains moments il y avait toujours une ou deux scénettes vraiment drôle qui pouvait sauver la BD. Or ce n'est pas le cas ici qui devient une histoire à part entière ne laissant que peu de temps de souffler au lecteur habitué au rythme des autres tomes de la saga.


Nous sommes confronté à une sorte d'esquisse de scénario ou un long "story-board" du prochain film "Les Profs". Le rythme de la BD est très cinématographique, le personnage de Boulard est mis en avant comme jamais dans les BD reléguant les profs au second plan. D'ailleurs nombreux sont les profs ou les personnages secondaires de la BD à disparaître comme les commères de la salle des profs donnant un côté très vivant à la BD car discutant de tout et de rien, M. Guillemet le sévère prof de Littérature, la jeune documentaliste servant de psy pour ces collègues ou Steven le nouveau prof d'E.P.S remplaçant progressivement Eric le prof de sport présent depuis des années et qui refuse de vieillir. Autre changement est la manière de montrer les personnages comme Antoine, le prof d'Histoire qui ressemble à PEF (et non pas l'inverse), Maurice le prof de Philo (et soit dit en passant mon personnage préféré de la série) relégué au second plan alors qu'il était un personnage très important auparavant, Gladys l'hargneuse prof d'anglais devenue une caricature d'elle-même ou les profs de langues: Dolorés et Marie qui sont présentes parmi les scènes les plus "cinématographiques" de la BD (la scène ou Dolorés fait cours en robe de flamenco). Mais le changement de taille est la mise en avant de la ministre de l'éducation nationale. Contrairement aux autres tomes de la série (sauf dans le premier tome) où l'on ne voyait le ou la ministre que de dos ou dans son fauteuil à la manière d'un méchant de "James Bond" ici on voit son visage, indiquant clairement quelle actrice il faudrait prendre pour jouer la ministre si d'aventure la BD venait à être adaptée au cinéma.


Si la BD assume clairement son délire de collégien/lycéen rêvant d'avoir son établissement scolaire à son nom, une statue de lui en marbre dans la cour et avoir les cours qu'il souhaite, la thématique originelle de la BD (ou plutôt son but) est complètement trahi. Car avant la BD abordait des sujets sérieux ou triste comme le harcèlement, le racket, les conditions de vie des profs, la dépression, la fin de la C.A.M.I.F etc. ici on abandonne complètement cela pour s'engouffrer dans un délire d'ado auquel cette BD est clairement destinée, laissant de côté les profs qui, il ne faut pas l'oublier sont, normalement, les personnages principaux de cette série qui ne semble être jamais tombé aussi bas.

OlivarDeLaCave
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le 15 juil. 2018

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