(T1 & T2) « Votre ennemi, c'est onze tonnes de muscles, de nerfs et d'instinct de prédation »

King Kong n'est pas mort. Il a remporté l'énorme baston de l'Empire State Bulding et fait de Manhattan son fief. La ville est retournée à l'état sauvage. La faune et la flore ont muté et régressé. Avec un traité et un esprit qui rend hommage aux « codes des films fantastiques des années 1940 et 1950 », Hérenguel laisse son dessin et son imagination évoluer en toute liberté. Sortez le pop-corn.

En 1933, King Kong n'est pas tombé de l'Empire State Bulding le corps criblé de balles, après avoir écrabouillé nombre de Curtiss Helldriver entre ses gigantesques mains (tu l'as bien en tête l'image ? on t'a menti !). En 1933 - dixit le colonel Pearl, « Kong nous a mis une branlée ». Manhattan est devenu son territoire, Central Park sa tanière. La population de New-York a été évacuée et les ponts dynamités. La zone a été interdite même de survol par les pilotes de l'armée américaine. Personne n'y entre. Parce que si tel est le cas, personne n'en sort.

En 1947, une escouade est cependant dépêchée pour s'en approcher au plus près. Quatre aviateurs ont pour directive de localiser le professeur Jonas Parker et le journaliste Irvin Stone, qui s'y sont introduits illégalement. Mais au cours de ce vol de reconnaissance, une décision stupide qui dépasse leur objectif voit le P-26 Peashooter de Virgil Price se crasher dans un Manhattan redevenu sauvage et hostile, la nature ayant repris ses droits sur les ruines de la métropole...

...mais aussi des nuées de ptérodactyles, des vélociraptors plein la ville, un mégalodon (dans la baie, forcément), et tout plein de bestioles féroces et voraces jusque dans l'ADN, avec des yeux cruels, des tas de dents pointues, tranchantes, et des griffes comme des rasoirs. + le gorille, donc. Voici une vue d'ensemble du bestiaire carnivore que propose The Kong Crew. Ah oui, y'a aussi un teckel ! Pas carnivore pour un sou, lui, mais plutôt steack-sur-pattes cavalant sans relâche, toujours à fond de train dans les rues, avec deux-trois raptors aux fesses. Et des soldats de l'US Army – ayant pour mission de retrouver Price, dont la mission était...de retrouver Parker et Stone). Et pour finir, une tribu d'amazones.

«La bande dessinée permet de tout tenter sans limite de moyens sinon l'imagination que l'on s'autorise. Ainsi, créer de toutes pièces une poursuite entre un T.Rex, un ptérodactyle, un gorille, un tigre et un Hot-Rod ne pose aucun problème, et on peut même y ajouter un teckel !» É.H.

Comme dans Lune d'Argent sur Providence (2 tomes/Vents d'Ouest), qui à mes yeux demeure le chef-d’œuvre de l'auteur, Hérenguel utilise comme il le dit l’esthétique, les « codes (…) des années 1940 et 1950 », dans le visuel comme dans l'ambiance qu'il donne à son récit. Même si le thème - la nature (ré)investissant des sites abandonnés, des animaux préhistoriques lâchés dans les villes - a déjà été surexploité depuis environ la nuit des temps dans la BD, la littérature et le cinéma, "The Kong Crew" s'inscrit pourtant naturellement dans la liste des titres (tous médias confondus) mettant l'accent sur le mode aventure/divertissement. Et pour tout ce qui de près ou de loin concerne la présentation (illustration, graphisme, encrage, couleurs, cadrages, mise en page…), c'est encore une fois l'artillerie lourde que Hérenguel a sorti en même temps que ses crayons et ses pinceaux, incontestablement !

Fred - 8 bulles

PapierBulles
8
Écrit par

Créée

le 7 avr. 2023

Critique lue 5 fois

PapierBulles

Écrit par

Critique lue 5 fois

D'autres avis sur Manhattan Jungle - The Kong Crew, tome 1

Manhattan Jungle - The Kong Crew, tome 1
PapierBulles
8

(T1 & T2) « Votre ennemi, c'est onze tonnes de muscles, de nerfs et d'instinct de prédation »

King Kong n'est pas mort. Il a remporté l'énorme baston de l'Empire State Bulding et fait de Manhattan son fief. La ville est retournée à l'état sauvage. La faune et la flore ont muté et régressé...

le 7 avr. 2023

Du même critique

Aaron
PapierBulles
8

De l’art de ne pas se laisser endormir

Au premier abord, on se dit qu’on est tombé sur une énième BD américaine underground sur le mal-être d’une jeunesse désabusée… Et puis on se rend compte que l’auteur est belge. Bon. Alors on commence...

le 26 nov. 2021

5 j'aime

Rusty Brown
PapierBulles
9

Fort, voire écrasant

Au premier abord, le dernier Chris Ware est presque décevant. Il faut dire qu'après "Building Stories", véritable monument de la BD tant sur la forme que sur le fond, le format presque classique de...

le 30 mars 2023

5 j'aime