Avec la publication d’Avengers : Opération tempête galactique, Panini Comics publie un crossover important de Marvel du début des années 1990, jusqu’alors inédit en France.

Une histoire au format hors-norme, puisque se répartissant sur 19 numéros des séries concernées autour de l’univers des Avengers, et qui a du ruiner bien des porte-feuilles des lecteurs américains de l’année 1992. En effet, contrairement au précédent évènement éditorial, The Infinity Gauntlet de 1991, reposant sur une mini-série de 6 épisodes et des incursions anecdotiques dans d’autres séries, ici l’histoire se suit d’un bout à l’autre dans des titres clairement numérotés pour faire partie de cette trame globale.

Un cauchemar pour l’éditeur français de l’époque, Semic, qui publiait alors les différentes séries dans ses propres revues, dont les titres en question sont tous disséminés à gauche et à droite et en plus ne sont pas harmonisés par rapport à leurs dates de parution initiales. Une curiosité qui entraînait la découverte dans certains titres plus en avance les conséquences d’évènements dans une autre série qui n’avaient pas encore été publiéé par l’éditeur français.

Pour revenir au dossier Opération Galactic Storm, à l’époque Les Avengers en question de même qu’Iron Man étaient publiés dans la revue Strange, la série dérivée The West Coast Avengers dans le Titans de Semic, et pour ne rien arranger l’évènement court sur d’autres séries inédites en France dont Captain America, Thor, Wonder Woman et Quasar.

Semic, confronté à l’un des premiers crossovers massifs de Marvel, décidera donc de faire l’impasse sur l’évènement, comme il avait pu le faire pour celui d’Atlantis Attacks en 1989 (qui fut enfin publié chez nous en 2015) annonçant même aux fans chagrinés que le crossover était de toute façon de trop piètre intérêt pour être publié.

Pour les lecteurs français qui auraient rongé leur déception depuis 30 ans, la publication d’Opération tempête galactique reste donc un petit évènement, une petite injustice enfin réparée. Ce tome unique, qui rassemble les 19 épisodes concernées et un épisode conclusif (on pourrait chipoter sur l’absence de deux autres épisodes de Quasar qui viennent apporter des informations et présenter les conséquences), permet donc de retrouver les héros Marvel tels qu’ils étaient à l’époque, avec les compositions des équipes et certains problèmes contemporains. Ils permettent aussi de découvrir des séries quasiment ou complétement inédites chez nous et qui ont peu de chance d’être un jour éditées, à l’image du vaillant Quasar porté par le grand Mark Gruenwald ou de la série personnelle de Wonder Man, plus légère.

Comme son nom l’indique, l’évènement quitte le foyer de la Terre pour celui des étoiles, avec les Avengers pris à partie dans une guerre entre les peuples Krees et Shiars. Chapeautée par les scénaristes Mark Gruenwald, Bob Harras, et Fabian Nicieza avec la participation des autres scénaristes des séries concernées, l’histoire se développe sur plusieurs fronts, entre les investigations sur la planète natale des Krees, la capture d’une bombe spatiale ou l’intervention d’une partie de l’équipe auprès de Lilandra, impératrice des Shiars.

L’enjeu est de taille, mais n’explosera (littéralement) que lors des derniers épisodes, rappelant que ce crossover s’inscrit dans son époque, avec des développements assez classiques et sans grandes portées pour les héros concernés. Nous ne sommes pas dans les années 2000 et suivantes, où chaque évènement porté par Marvel doit avoir son lot de personnages morts (ou ressuscités) pour offrir plus de dramaturgie parfois ridicule. Si quelques personnages en sortiront un peu plus marqués, nos vaillants héros ne subiront pas de trop grands traumatismes qui viendront les sortir de leur zone de confort ou qui chercheraient à impressionner trop facilement le lecteur.

Si chaque épisode a sa place dans la chronologie, la trop longue éténdue du crossover joue en sa défaveur. Il lui manque quelques points d’intérêts plus marquants sur la progression, tandis que son sommet reste son dernier épisode, bien trop court pour découvrir la situation et ranger les figurines dans leur malle.

Heureusement, chaque numéro peut s’appuyer sur les créatifs en place. Mark Gruenwald, en tant que grand capitaine et scénariste de plusieurs des séries phares de l’évènement, dont Quasar et Captain America, démontre sa connaissance des personnages, dont il arrive à apporter un peu de profondeur à ces héros bariolés, qu’il mettra à profit plus tard dans sa série culte The Squadron Supreme (dont un des ressorts les plus dramatiques est déjà abordé dans son Quasar). A ses côtés, Bob Harras sur les Avengers, Len Kaminski sur Iron Man, Tom de Falco sur Thor et d’autres poursuivent leur utilisation de leurs personnages, donnant à chaque nouvel épisode sa propre personnalité bien qu’il s’inscrive dans un contexte plus global.

Tout cet univers des Avengers est illustré par une belle équipe, mais bien loin des petits prodiges tels que Jim Lee sur les X-Men ou Todd McFarlane sur Spider-Man, des petits génies qui allaient quitter Marvel pour fonder leur propre studio. Les artistes présents sur cet événement ont donc un style plus classique, hérité d’un certain style Marvel, d’un charme efficace mais presque désuet. A ce petit jeu du grand rassemblement, Steve Epting sur the Avengers ou Paul Ryan sur Iron Man se distinguent par leur professionnalisme et leur semi-réalisme.

Ses retombées restant essentiellement galactiques, Opération tempête galactique ne se lit pas pour son importance dans l’univers Marvel, ses conséquences ayant depuis été longtemps résorbées. L’ouvrage offre un crossover assez classique, tout à fait dans le jus de ces années 1990 mais sans la violence de ses anti-héros phares de l’époque (Punisher, Wolverine, Ghost Rider, etc. - un constat d’ailleurs évoqué de manière amère dans le dernier épisode de Captain America, évidemment écrit par Gruenwald). L’ensemble n’est guère surprenant et il est loin d’être un incontournable mais il est malgré tout plaisant, bien que trop long pour son propre bien (et à l’époque pour la santé financière de ses lecteurs).

Pour les complétistes, les curieux et les petits vieux français, le recueil offre enfin le passage de relais entre les épisodes publiés en France, la découverte de cette période inédite pendant 30 ans, tout comme il permet de faire la connaissance de quelques épisodes de séries plus rares dans le calendrier des réeditions.

SimplySmackkk
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le 4 avr. 2023

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