La tête sans les jambes
Deuxième volume de la réédition de la série de comics Mind MGMT, ce tome continue l'aventure d'une poignée d'ex-espions aux pouvoirs psychiques étranges et redoutables à la solde d'une officine...
Par
le 7 janv. 2021
1 j'aime
On va donc parier que tous ceux intéressés par un avis sur le second volume de "Mind Mgmt", l’œuvre réellement considérable (d’ailleurs publiée en France chez Monsieur Toussaint Louverture, c’est toujours une preuve d’ambition et de singularité !) de Matt Kindt savent de quoi il retourne. Qu’ils ont « survécu » aux épreuves d’un premier tome, aussi renversant qu’exigeant. Qu’ils ont décidé de continuer l’aventure. Qu’ils savent que pour profiter pleinement de la lecture de "Mind Mgmt 2/3", il faut être prêt à retourner à chaque page le livre et à bien chausser ses lunettes de lecture pour déchiffrer les messages – ou même les petits récits complémentaires imprimés sur la gauche de la page (et qu’il convient de le faire sans faute à chaque page, tant certains de ces textes apportent une perspective importante par rapport au récit… !)…
Bref, nous sommes ici entre initiés, voire, osons le mot, entre « élus ». Entre passionnés qui veulent connaître la suite du combat sans merci que se livrent entre eux les ex-agents de la terrifiante agence d’espionnage américaine « Mind Mgmt », désormais dissoute suite au danger qu’elle représente pour l’humanité : car ces agents secrets à la retraite sont doués de super-pouvoirs psychiques ou physiques (eh oui, c’est à la mode ! Il ne faut pas oublier que Kindt a coopéré un temps avec les mastodontes américains des comics) qui leur permettent de faire et défaire des régimes politiques, voire des sociétés entières. D’un côté, autour de l’ambigu mais fascinant Harry Lyme, une équipe qui ne veut surtout pas que le Mind Mgmt renaisse de ses cendres ; de l’autre autour du mystérieux Effaceur, une bande adverse souhaitant remettre sur pied l’organisation. Et entre les deux, Meru, que l’on a découverte paumée amnésique au début du premier volume, et qui pourrait bien s’avérer le personnage-clé dans cette lutte.
Ce second tome va nous apprendre énormément de choses sur les personnages, puisque tout en faisant progresser l’intrigue, avec en particulier ces combats meurtriers entre les deux clans qui occupent toute la seconde partie du volume (ouaouh, de l’action ! En fait, pas vraiment, surtout de la cruauté, de la violence insoutenable, de la souffrance…), Kindt nous nourrit de flashbacks et d’interludes qui nous permettent de mieux situer les personnages, leur passé, leur évolution. Mais le sommet de ce tome reste peut-être la toute première partie, ces 100 premières pages fantastiques qui déroulent froidement, implacablement, l’impact destructeur du « réveil » d’une agent « en sommeil » sur la communauté banlieusarde où il vit.
Bref, beaucoup, beaucoup de plaisir encore dans ce second tome qui, s’il ne bénéficie plus de l’effet de surprise, voire de sidération, du premier, nous attache encore plus émotionnellement à ses personnages, tout en créant encore de plus de confusion quant aux buts de chacun, et donc en s’affranchissant des notions trop simplistes de bien et de mal, définitivement perdues dans ce monde terrifiant où jeux politiques et super-pouvoirs constituent un milieu particulièrement délétère et destructeur.
A suivre dans un troisième volume qui s’annonce dantesque.
[Critique publiée en 2020]
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleures BD de 2020
Créée
le 29 nov. 2020
Critique lue 282 fois
4 j'aime
D'autres avis sur Mind MGMT Rapport d'opération 2/3 : Espionnage mental et son incidence collective
Deuxième volume de la réédition de la série de comics Mind MGMT, ce tome continue l'aventure d'une poignée d'ex-espions aux pouvoirs psychiques étranges et redoutables à la solde d'une officine...
Par
le 7 janv. 2021
1 j'aime
Du même critique
Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...
Par
le 29 nov. 2019
204 j'aime
150
Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...
Par
le 15 janv. 2020
190 j'aime
104
Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...
Par
le 15 sept. 2020
184 j'aime
25