Un personnage fantastique oblige un héros nordique à mener des épreuves dans un intérêt resté secret. Pour cela le héros nordique va être mis en compétition avec d’autres, même si au fond son salut passera par la coopération et le contournement des règles…
Ah ça ! Ce n’est pas comme si je ne l’avais pas lu dans de précédents albums de « Thorgal » comme – par exemple – « les trois vieillards du pays d’Aran » !


Donc oui, il y a dans ce « Moi, Jolan » une certaine forme de redite (en même temps : tome 30 quand même !).
Mais d’un autre côté, dans cette redite, il y a une certaine forme de recommencement et de renouveau qui sont habilement exploités.
D’abord parce que ce n’est plus « Thorgal » qui est mis ici en avant mais – comme le titre l’indique – son fils Jolan. Ainsi, il y a dans ce côté cyclique une sorte de passage de flambeau ; de mise en écho qui peut donner du relief aussi…
Mais aussi, le renouvellement passe par le fait que Jean Van Hamme a laissé la plume de la scénarisation à Yves Sente, l’occasion pour lui de se réapproprier l’univers de la même manière que Jolan se réapproprie à sa façon cette saga en s’en posant comme le nouvel héros.


Or, je dois bien avouer que l’album a très bien marché sur moi.
D’abord parce que les codes du récit initiatique, à base d’épreuves qui révèlent les personnages, savent faire leur job avec efficacité.
A chaque fois, un mystère perdure toujours.
L’action que mène le héros est-elle vraiment celle que semble appeler cette épreuve ou bien est-ce au contraire un piège que lui tend l’épreuve ?


Même chose au sujet des personnages, en passant par Manthor pour commencer : l’ambigüité perdure toujours.
Et là où cet album fait fort, c’est qu’en parallèle de cela, il parvient à mener un arc parallèle que j’ai trouvé vraiment très bien foutu, notamment parce qu’il arrive à apporter un vrai background intéressant à deux personnages qui en avaient bien besoin.


Pour les initiés de l’album : je parle bien évidemment de Kriss et de son fils Aniel. C’est fait rapidement mais fort justement. Dommage d’ailleurs que, par souci d’efficacité, on passe par la case éculée de la sorcière et de ses visions. Dommage aussi que l’ordre de la magie rouge n’ait pas été introduit plus tôt dans la saga.
Parce que pour le coup on sent bien la volonté qu’a la saga de nous poser le Kahaniel en gros big boss final de ce cycle ; le positionnant d’ailleurs comme un personnage aussi puissant et fondateur pour les héros qu'ont pu l'être par le passé des icônes de la saga tels que Slive, Ogotai et Varth.
Mais sans travail de fond, ça rend l’ampleur de ce personnage là un peu juste, et la révélation moins puissante que ce qu'elle aurait pu être.


...
Au final, je trouve en définitive que ce tome parvient à faire vraiment le boulot.
Non seulement il arrive à se poser comme un album qui a son identité propre, il parvient aussi à se constituer une unité avec une histoire qui sait s’ouvrir et se conclure sans impression d’inachevée, mais en plus de cela il parvient également à s’insérer dans un cycle narratif plus long, prolongeant ce qui a déjà été posé auparavant tout en préparant le terrain pour ce qui va suivre…
Et en plus, il faut que s’ajoute en parallèle une meilleure maitrise de Rosinski dans son style graphique.
A défaut de revenir à des lignes plus nettes, au moins affirme-t-il des contrastes plus tranchés, notamment en affirmant certains objets et certains personnages par des couleurs très vives…
Cela permet de voir se dégager plus facilement dans chaque case des lignes de force qui dynamisent davantage la composition de l’ensemble.
Sans retrouver les joies du début, au moins cela permet-il d’atténuer certains défauts de cette transition de style.


Ainsi, à bien tout prendre, cet album a vraiment beaucoup de mérite.
Sans rien révolutionner, il parvient tout de même à redonner de l’intérêt à cette saga ce qui, me concernant, me semblait inespéré.
Donc me voilà devenu bien curieux pour la suite…

Créée

le 22 mai 2018

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