Qui dégote, comme moi, ce premier tome de Lady S. pour un prix dérisoire dans sa librairie favorite doit savoir une chose s'il succombe à la tentation : il ne pourra pas s'arrêter à ce seul titre. Ce premier opus est en effet une introduction à une nouvelle saga imaginée par Jean Van Hamme qui pose le décor et les personnages, à la manière d'un pré-générique. Les enjeux ne sont pas tous entièrement mis sur la table et les mystères innombrables. De ce côté-là, comme toujours, on ne peut pas reprocher à Jean Van Hamme de ne pas savoir y faire. Quand on referme ce premier épisode, on n'a qu'une hâte, à savoir dégoter sa suite pour étancher sa curiosité. De prime abord, Lady S. évoque XIII : le personnage principal porte un lourd passé que nous ignorons et les premières révélations qui sont apportées ici ou là ne semblent pas toutes dignes de confiance.


Pour mener son récit, Jean Van Hamme fait bien les choses. Autour d'une séquence narrative qui ne doit pas excéder quelques heures, il use de plusieurs flashbacks pour éclairer (ou embrouiller) la situation présente. Visiblement, contraire à XIII, la Lady S. en question aimerait que tout le monde ait oublié son passé. Comme ce n'est pas le cas, nous voici suspendus aux lèvres des différents protagonistes pour découvrir qui elle est vraiment. Dans cet épisode, on n'en apprendra pas bien plus. Ni sur elle ni sur ceux qui viennent lui rappeler qui elle est. Le contexte est politique et évoque la Russie post-URSS des années 1990, les mafias slaves, les troubles au Moyen-Orient, les liens avec l'Europe et les États-Unis, en bref un joli tableau politique qui annonce de l'espionnage et de l'action sur un ton très sérieux (il n'y a qu'à voir la couverture pour comprendre que ce ne sera pas la grande rigolade).


Si la situation initiale paraît plus schématique que dans d'autres titres de Jean Van Hamme, l'objectif est parfaitement atteint avec un mystère particulièrement bien entretenu. Notre curiosité est en éveil et on est prêt pour l'aventure. Graphiquement, on est sur de la ligne claire. C'est propre même si cela manque peut-être de fantaisie et si Philippe Aymond abuse parfois de fonds jaunes et orangés. Cela se lit vite comme une bonne petite BD aussi sympathique qu'astucieuse. Les thèmes (la politique, l'argent, le chantage, etc.) ne sortent pas des sentiers battus déjà explorés par l'auteur dans d'autres titres, mais c'est fait intelligemment et efficacement. Un bon prologue.

Play-It-Again-Seb
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le 25 juin 2022

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