Quitte à s’éprendre de sexe, autant vivre d’Extases et parler de la Vie par le petit bout de la… bra

À lire avec pas mal d'extraits sur : https://branchesculture.com/2017/10/09/extases-tome-1-jean-louis-tripp-roman-graphique-sexe-experience-nudite-universel/


Extases, c’est un joyau. On peut comprendre la difficulté de l’auteur à coucher sa plus stricte (et pourtant exacerbée) intimité au secret dans lequel on a voulu lire ce livre. À l’abri des regards, de peur de se compromettre. Mais voilà qu’il nous refile la patate chaude, ce fieffé JeanLouis Tripp, que c’est à nous d’en parler, de sortir de notre réserve. Pourtant, petit à petit, on se dit qu’on le laisserait bien traîner sur une table, de manière faussement naïve, ce livre qui ne fait que parler de la vie, finalement, par le petit bout de la… brayette.


Résumé de l’éditeur : Et si le dernier continent à explorer était celui de l’intime ? Les relations amoureuses, les pratiques sexuelles, les émotions, les sensations, les sentiments, comme autant de territoires à arpenter à cartographier… C’est le parti pris d’Extases, la série autobiographique de JeanLouis Tripp. Du petit détail trivial au sublime, du physiologique au métaphysique, de la jalousie qui consume à l’échangisme joyeux, toutes les facettes qui façonnent la sexualité sont évoquées.


C’est un pic, c’est un cap, c’est une péninsule… dirait l’autre. C’est vrai que JeanLouis Tripp en a dans le slip ! Ses muses et âmes sœurs le savaient depuis des années, et voilà que l’auteur et libraire BD le prouve (s’il le fallait encore) au grand jour, jouant de transparence et se déshabillant sous le regard du lecteur. C’est vrai qu’il en fallait du courage pour se livrer à un tel exercice qui aurait pu retomber à plat mais réussit à voltiger, sur la couverture et tout le long des 268 premières planches de cette épopée. Une épopée dans le plus simple appareil, universelle car depuis que le monde est monde, le sexe fut primordial, nécessaire, essentiel pour arriver jusqu’ici.


Longtemps et encore toujours diabolisé (peut-être encore plus à l’heure des réseaux sociaux), on perd souvent les mots quand il s’agit de parler des choses de sexe… Heureusement, JeanLouis Tripp les a tous retrouvés, remis dans l’ordre pour faire cette envolée, cette piste de lancement vers une constellation de sensations. Le naturel a peut-être mis un bout de temps à revenir au galop mais cette fois, gageons que nous ne le chasserons pas. Pour preuve ? On est resté scotché devant le spectacle et l’audace du quotidien proposé par JeanLouis dans ce road-Tripp à l’état sauvage, bestial parfois, mais jamais à contre-coeur et ses élans. Notez que le coeur n’y est d’ailleurs pas toujours pour justifier les élancement de haut en bas.


Le petit JeanLouis fait ses expériences et en fait profiter la galerie, du premier émoi à la première masturbation en passant par la tentative de rapprochement, la première fois et toutes les autres qui ne seront jamais les dernières, parfois les plus imprévisibles, extrêmes même. Toujours au plus près des corps. Il y a de la magie dans le crayon de JeanLouis mais aussi dans sa soif d’images et de métaphores formidables.


Extases, c’est une étreinte au lecteur qui se rend compte qu’il est plus témoin que le voyeur qu’il pensait devenir. Et ça change tout. Car Tripp éclaire notre rapport à la sexualité d’un jour nouveau, sans filtre mais avec le pouvoir du dessin et la beauté des mots. Sans doute, certainement même, que ce pavé dans la mare des pudiques (qui passent à côté de leur sujet) a nécessité plus qu’un seul jet. On sent d’ailleurs toute la réflexion de son auteur, pour être exhaustif tout en laissant de la place pour le vécu de n’importe quel lecteur. Car, à contre-courant de pas mal d’ouvrages érotiques ou pornographiques, Tripp fédère plus qu’il n’exclut, relève le défi fou d’être grand public en montrant une tripotée de seins, de verge, de clitoris, de poils, de coïts… Ce premier volume, c’est la fin de l’innocence. Celle de l’auteur et par-dessus tout, la nôtre. C’est costaud et fondamental, lancinant et incontournable. Trippant, et bien plus encore.


PS : Vous savez, j’aurais pu mettre un logo interdisant la lecture de cet article (et ses extraits, surtout) aux moins de 18 ou moins de 16 ans, mais ça me semble être totalement archaïque. Après tout, c’est la vie, le quotidien, bien plus que le trash et la violence de bien des programmes télé (on ne parle même pas de ce qui se trame sur le web). Extases, c’est un album inoffensif qui pourtant donne un sacré coup de pied dans la fourmilière. À mettre dans les mains des professeurs d’éducation sexuelle et de tous ceux qui sont avides de connaissances sexuelles ou pas.

Branchés_Culture
10

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le 9 oct. 2017

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