« La guerre ! C'est la guerre que veut Washington ! »



  • Nous sommes un peuple libre et indépendant, fidèle à son mode de vie depuis plusieurs générations. Dis-moi pourquoi les Wasichus, qui constituent une puissance étrangère, croient pouvoir nous donner des ordres.

  • Ils estiment avoir de bonnes raisons pour cela. Les Blancs ne raisonnent pas comme les Sioux, grand chef.



Le Sentier de la Guerre, tome 2 : « Paha Sapa », des éditions Glénat est un western historique savamment documenté dans lequel l'on retrace certaines dates importantes de la guerre entre les Yankees et les Indiens. L'histoire débute en avril 1873 à Fort Buford dans le territoire du Dakota juste après le massacre de la tribu de Red Leaf par les longs-couteaux (les soldats États-Uniens), survenu dans le tome précédent : « Fort Buford ». Un tome qui s'achève sur la mort de Morning Bird, la femme de Red Leaf, laissant son bébé Kohana, que Diane adopte. Diane qui part officiellement vivre parmi les indiens en tant que nouvelle femme de Red Leaf. On découvre de nouvelles coutumes indiennes avec le mariage organisé par Sitting Bull, durant lequel Red Leaf et Diane peuvent enfin se dire au grand jour : « techihila » (je t'aime). Une vie tournée vers les horizons sauvages avec la promesse d'un avenir au grand air, dont Diane découvrira la face moins envieuse avec les obligations dues à son rang de femmes Sioux : coudre une robe, construire un tipi, tenir compte de ses réalisations, l'absence d'intimité, l'impossibilité d'échapper au clan, l'obligation d'être la meilleure... Mais aussi les festivités d'après-guerre avec l'exposition des scalps des victimes. Des éléments difficiles qui font douter Diane. Un récit instructif qui conjugue efficacement les moments historiques avec les frasques romanesques et tragiques de Diane, qui se pose comme une femme courageuse et passionnée qui prend en maturité. Elle commence à mettre de l'eau dans son vin en constatant que tout ne peut se résumer qu'à une vision puérile entre le mal d'un côté et le bien de l'autre. Un résultat un peu facile et ingénu qui aurait certainement mérité davantage de précisions autour de son contexte historique pour un peu moins de manichéisme autour de notre héroïne.


Avec ce deuxième tome, le scénariste Marc Bourgne s'attelle à une part importante du récit nous projetant le 3 novembre 1875 à Washington D.C. : à la maison Blanche, où suite au fiasco de l'opération Red Cloud il est finalement décidé de laisser les colons envahir les terres indiennes malgré leur désapprobation. Devant la persistance des indiens à ne pas vouloir signer un traité qui n'a aucunement lieu d'être, et devant le refus catégorique à vendre leurs terres au gouvernement qui y voit une terre d'or plein de promesses, ceux-ci enfoncent le clou en décidant de passer au travers. On ne peut pas dire non à Washington.
« - Gentleman, je vous rappelle que cette réunion n'a pas d'existence officielle. Je vous demanderai donc d'observer la plus stricte confidentialité à son sujet. Je donne maintenant la parole au secrétaire Belknap.
- Merci monsieur le Président. Comme vous le savez déjà tous, le conseil de Red Cloud a été un fiasco. Sitting Bull et ses lieutenants ont catégoriquement dit non à toute discussion au sujet de leur titre de propriété sur les Black Hills. En conséquence, il a été décidé que l'armée n'empêcherait plus les colons d'entrer dans ces collines. Quant aux bandes hostiles, elles recevront un ultimatum leur enjoignant de s'installer dans la grande réserve sioux. »

Un cheminement qui va aggraver la situation jusqu'à conduire à la guerre avec l'attaque du Fort Buford, où les Sioux essuient une cuisante défaite. Un moment tendu offrant une scène sympathique durant laquelle Sitting Bull s'assoit en plein milieu du champ de bataille sous le feu ennemi pour fumer son calumet. Un geste lui permettant de confirmer son autorité de chef suprême des Lakotas (Sioux de l'Ouest) par une démonstration de force prouvant sa bravoure et son courage. D'autres périples viennent s'ajouter à une bande dessinée autant instructive que démonstrative englobée par un contexte authentique et réaliste. Une approche tout de même un brin décevant autour d'évènements importants qui manquent de dynamisme à travers des pages quelques fois monotones. Une carence de mordant et de piquant autour d'un contexte pourtant si explosif !


L'ensemble des personnages fictifs laissés dans l'album précédent reviennent se greffer à des personnages historiques autour d'un récit que la franchise respecte dans les grandes lignes. On retrouve "Diane Myers", de son nom Sioux "Wiyunpi Win" (femme couleur), qui ne rêvait que de rencontrer et de peindre les Indiens de ses yeux inexpérimentés et qui aujourd'hui s'impose au sein d'une tribu où les femmes sont secondaires. Le vendeur d'armes ''Missouri'', meilleur protagoniste de l'histoire, le seul à posséder suffisamment d'expérience et de recul pour graviter entre deux hommes en guerre. Enfin, ''Red Leaf'', le chef de tribu ardent, impatient de prendre part à la guerre contre les Ricains qu'il déteste. Arrive les têtes historiques '' Sitting Bull '', " Crazy Horse ", ou encore le général " Custer ", qui prennent plus de place bien qu'ils restent encore un brin en retrait. Des personnages que l'on devrait prochainement voir bien plus en avant, autour d'un tome 3 qui promet une guerre totale avec les éléments historiques dramatiques que l'on connaît tous : « la bataille de Little Big Horn. » Enfin, les dessins de Didier Pagot sur les couleurs de Zuzanna Zielinska manque une fois encore de texture et de précision. Des vignettes sans surprises qui manquent de finalité, surtout autour des décors qui sont un peu trop sommaire. Une technicité classique !



CONCLUSION :



Le Sentier de la guerre, tome 2 : « Paha Sapa », des éditions Glénat par le scénariste Marc Bourgne est une suite sur le plan historique toujours aussi intéressant, mais sur le plan distractif un peu trop sage. Une bande dessinée qui à défaut d'offrir un grand moment de lecture présente un western réjouissant pour les passionnés d'histoires.


Un deuxième volume qui à défaut de marquer le lecteur l'occupera suffisamment pour passer un petit moment agréable.




  • Excuse-moi de t'avoir frappé. C'était pour mieux convaincre les autres.

  • Oh, Dominic. Je... Je n'étais pas sûre que tu n'aies pas pris le parti des blancs.

  • Je suis blanc. Et toi aussi. C'est pas une question de partie à prendre ou pas, Diane. On n'a pas le choix, on est ce qu'on est.


B_Jérémy
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le 10 juin 2022

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