Par Miyako Slocombe
Prépubliés dès le milieu des années 1990 dans la défunte revue Garo, ces travaux de jeunesse d'Usamaru Furuya, alors diplômé de la prestigieuse Université des beaux-arts Tama à Tokyo, offrent une matière formidablement dense et effrayante, superpositions à l'humour très noir d'une violence extrême et sophistiquée, montrée sans tabou, où se mêlent scènes de torture et de meurtres sauvages et représentations explicites de pratiques sexuelles déviantes. Les pages rassemblées ici empruntent au yonkoma manga, format traditionnel reprenant le principe du gag en 4 cases. Elles peuvent se lire indépendamment les unes des autres, et forment pour certaines des séries.
Ainsi réapparaissent au fil du livre une classe de collégiens japonais singeant les tics de personnes handicapées, un ourson serial killer, le tri sélectif d'ordures particulières, une fable d'Esope réinterprétée ou encore le Fantôme des planches rejetées, vision évanescente cernée de taches de sang qui abîme rituellement la page en cours d'un mangaka au travail. Furuya utilise avec talent, et peut-être un peu de désinvolture – signe possible d'un désir azimuté d'expérimentation – une variété notable de motifs et de techniques : encrage enrichi de multiples textures, mélanges de trames et d'aplats, gravure, incursion sporadique de la couleur, effets pointillistes ou dessin jeté comme s'il avait été réalisé sous Paint. Particulièrement chargées, de fausses page-titres disséminées tout au long du livre rompent avec la composition des cases strictement numérotées de 1 à 4, apportant à l'ensemble une respiration bienvenue, comme si les gags devenaient des fragments de chapitres scandés par des pauses. (...)
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