Dans cette première œuvre, les auteurs nous proposent une tragédie viking. À la mort de sa mère, Brunr est confié par son père au roi, ancien ami du paternel. Il grandit auprès du prince Arulf avec qui il est inséparable. Malheureusement, l’amour et le choix des adultes s’en mêlent… Le récit s’attache au destin du jeune protagoniste, introverti et idéaliste, attaché à une légende nordique faite de fraternité et de loyauté. Ce caractère est forcément confronté au côté tragique de la destinée, présentée comme immuable, comme si le héros n’avait pas sa vie en main, ce qui rend touchant ce personnage. De même, la narration développe avec justesse le fait de grandir, coupant chacune des séquences avec des planches sans texte qui montrent le temps qui passe au fil des saisons où l’apprentissage du monde adulte est fait de rites, d’entraînements guerriers, et de liens qui se nouent. D’ailleurs, le passage de l’adolescence est dévoilé fort justement, notamment dans la découverte des premiers émois, où Brunr tombe amoureux d’une jeune femme et leur moments d’intimité sont représentés par de belles séquences contemplatives. Cette sérénité contraste avec l’issue de ce drame qui révèle le sentimentalisme de Brunr se décidant à faire enfin ses propres choix. Le seul point faible serait le rythme où la fin apparaît comme trop abrupte par rapport au reste du récit.
Portée par une colorisation noir et blanc soignée, cette saga est donc tragique et forcément violente, entre dur apprentissage de la vie et désillusion. Une première œuvre prometteuse !